Le nouveau « parking » à Gignac : une réalisation déconnectée des préoccupations environnementales

Après avoir appris en conseil municipal du 16 février 2023 le changement d’affectation de la parcelle acquise par la mairie avec la maison Bastit, parcelle située entre le chemin et la rue du Puits du pré, le manque de communication autour de ce projet a alimenté les rumeurs à Gignac. Rappelons qu’un des arguments qui avaient motivé l’achat de la maison Bastit par la commune était de réaliser des jardins partagés sur ce terrain (voir PV du conseil municipal ICI). Faute, soit disant, de trouver d’autres solutions pour créer des places de parking aux abords du futur café-commerce, la mairie a décidé de transformer la part de ces jardins familiaux lui appartenant en parking (voir notre article du 9 mars « A Gignac un parking pour voiture à la place de jardins partagés« ). Et pourtant d’autres solutions existaient bel et bien et elles semblent évidentes à nombre de gignacois et gignacoises avec qui nous avons discuté.

Un projet tenu sous silence

Pourquoi ce projet a-t-il été tenu aussi longtemps sous silence et n’a pas même été évoqué lors de la réunion publique cœur de village le 15 septembre 2022 ?

Car, bien que la réalisation de ce parking ne fasse pas directement partie de la première tranche de l’aménagement cœur de village, elle ne peut être dissociée de la réflexion globale dont il est question dans l’article du correspondant du journal La Dépêche du 28 février dernier : « les travaux d’aménagement et d’embellissement du bourg […] sont le point d’orgue d’une réflexion globale, approfondie et de longue date, menée par les élus communaux et les Gignacois » (voir l’article ICI).

Notons que non seulement les gignacois n’ont jamais été invités à participer réellement à cette réflexion, mais ils ont découvert ce projet de parking lors d’un conseil par le biais d’une délibération donnant mandat à Madame le maire pour signer chez le notaire un échange de terrains au sein de ces jardins familiaux dans cet objectif. Et pourtant, les effets d’annonce ne manquent pas : sur le site de la mairie, on peut lire ICI: « Après obtention des subventions, les travaux qui seront décidés se feront de 2023 à 2025. Tout au long de la procédure, les habitants de la commune et les associations gignacoises seront informés, consultés et leurs bonnes idées seront prises en compte. Rendez-vous après l’été, pour les premières réunions collectives sur ce sujet ». Etrange calendrier et obscure méthode alors que tout semblait déjà décidé concernant la première tranche des travaux cœur de village lors de la réunion publique de septembre 2022 !

Une absence totale d’information sur le type de parking envisagé

En conseil municipal, il a seulement été dit qu’il s’agirait d’un parking d’une douzaine de places, bordé par une haie végétalisée afin que l’on ne voit pas trop les véhicules stationnés. Il n’a jamais été mentionné s’il serait recouvert d’enrobé ou engazonné, ombragé ou non et à quel cahier des charges il répondrait.

Face à l’incertitude et à l’incompréhension de sacrifier ces jardins faisant partie du patrimoine naturel et paysager de notre village, des gignacois ont interrogé certains élus. Les informations contradictoires recueillies n’ont fait qu’accentuer le caractère opaque du projet et n’ont pas apaisé les esprits. D’un côté, il était question de réaliser un parking végétalisé comme celui du centre bourg mais sans préciser s’il était engazonné et planté d’arbres et d’un autre côté il était évoqué un parking provisoire en attendant de trouver une autre solution. Bref, difficile de s’y retrouver !

Un budget… et pourquoi faire ?

De plus, dans le cadre du conseil municipal du 22 mars 2023 auquel nous étions également présents, un crédit d’anticipation sur le budget 2023 a été voté pour la somme de 10 720,38 €. Il a été clairement dit qu’il correspondait aux travaux de réalisation de ce parking mais lorsqu’on lit la délibération publiée à ce sujet, la destination de cette somme au parking disparaît. On peut lire : Création de trottoirs et aménagements de sécurité de la RD15 ?? Aucun devis relatif à la réalisation du parking n’a jamais été présenté, ni voté en conseil municipal. Cela aurait permis de dissiper les doutes.

D’autre part, il a été exprimé pendant ce même conseil (voir notre compte rendu) qu’un prix très avantageux avait été négocié avec l’entreprise de terrassement qui fait les travaux de la place de l’église car elle est sur place. Néanmoins, le montant de 10 720,38 € paraissait bien faible face aux tarifs pratiqués pour la réalisation d’un parking. Y avait-il anguille sous roche ? En mairie, on ne trouvait aucun affichage relatif à cet aménagement.

Jusqu’à ce que les travaux commencent le mercredi 5 avril, nous ne savions donc rien sur ce qui allait être réalisé. Tout est alors allé très vite puisqu’en deux jours les travaux étaient réalisés. On peut se demander quel intérêt la mairie pouvait bien avoir à entretenir autant de flou sur ce projet et à en précipiter la réalisation ?

Face au fait accompli !

Donc ce mercredi, ce que nombre d’entre nous craignaient, à savoir l’artificialisation irréversible de la parcelle, se déroulait sous nos yeux. Le terrain étant en pente, plusieurs tonnes de belle terre végétale ont été prélevées et entreposées en un immense tas place Saint-Antoine.

 

Ensuite, après la pose d’un géotextile, les engins ont déversé puis compressé, à notre stupéfaction, les produits de rabotage de la place de l’église à savoir un mélange de pierres et de morceaux d’enrobé bitumineux qui avaient été stockés derrière la Mairie.

Autrement dit, un jardin cultivable, constitué d’une terre riche (ce qui est rare sur le causse) et de surcroît profonde, a été recouvert – entre autres – de déchets contenant des hydrocarbures !

 

Quant à la terre prélevée, elle sera, parait-il, utilisée en partie pour jointoyer les dalles de pierre qui vont recouvrir la place de l’église.

Y’a-t-il un projet global cohérent d’aménagement du village ?

Nous comprenons enfin pourquoi l’appellation parking pour ce projet a été si peu divulguée et jamais mentionnée dans les documents officiels, et pourquoi son coût est faible. Cet aménagement ne répond absolument pas au cahier des charges d’un parking avec des places matérialisées et ombragées. Les jardins familiaux ont été sacrifiés pour réaliser une sorte de plateforme qui servira de parking.

Pourtant, lors de la réunion publique cœur de village, le bureau d’étude a été très clair, l’aménagement choisi pour le centre bourg repose sur la désimperméabilisation et la végétalisation des sols. D’ailleurs, toujours dans l’article du journal La Dépêche cité plus haut, on peut lire:  » Le réaménagement de la place, bientôt pavée, piétonnisée et arborée et la création d’un parking ombragé à proximité (une quarantaine d’arbres d’essences locales y sont plantés) sont en quelque sorte les dernières pièces du puzzle, patiemment construit […] Bâtir, créer des lieux de vie agréables, désimperméabilisés, végétalisés, c’est prévoir l’avenir durablement… » Voilà qui semble en phase avec les préoccupations actuelles des pouvoirs publics face au changement climatique et selon lesquels la renaturation et la désimperméabilisation des sols permettent de favoriser le cycle de l’eau en réduisant le ruissellement, favorisent la biodiversité et contribuent à réduire le phénomène d’îlots de chaleur.

Alors pourquoi nos élus ont-ils décidé de désimperméabiliser un espace artificiel d’un côté et de réimperméabiliser un espace naturel de l’autre ? N’y a-t-il pas une contradiction ? Comment y voir le résultat d’une réflexion globale dont parle l’article de presse sus-cité ? Les choix de nos élus répondent-ils à de réelles convictions ou sont-ils motivés par l’opportunisme lié aux subventions ? Cela aurait probablement pu être évité si les gignacois et les gignacoises avaient réellement été associés à la réflexion. Malheureusement, à Gignac, la réalité semble contredire les effets de la communication.

Laisser un commentaire