Le collectif « Stop Agrivoltaïque Cressensac » a été créé début juin 2025 pour répondre à la préoccupation des riverains au sujet de plusieurs projets de centrales photovoltaïques sur sol agricole notamment dans le secteur de la gare de Gignac.
Le point de départ
Des gignacois résidant en limite de commune entendent parler d’un premier projet de 4 ha dans le secteur du Colombier, au nord du château de Tersac et constatent que les parcelles concernées sont délimitées par des balises. Pratiquants assidus de la randonnée sur ce territoire, ils alertent Gignac Ensemble sur ce projet qui porterait atteinte à leur cadre de vie.
Des membres de notre association sensibles à la question du photovoltaïque sur sol naturel, agricole et forestier (voir notre dossier « L’agrivoltaïsme survolte nos campagnes« , publié en avril, ICI) décident de s’informer sur ce projet. Il s’agit en fait de deux zones proches, respectivement de 4 ha et 12 ha, qui sont concernées par une installation agrivoltaïque, projets portés par la société allemande EnergieKontor.
La plupart des riverains ne sont pas au courant et lorsque l’information commence à circuler, beaucoup expriment leur hostilité à ces projets. Très rapidement, ils nous sollicitent pour que nous les aidions à se constituer en collectif d’opposition. Favoriser l’expression démocratique et « soutenir des projets citoyens » fait justement partie des objectifs de notre association. Depuis sa création, le collectif s’est agrandi, il compte aujourd’hui un cinquantaine de membres. Il a également rejoint le Réseau des Résistances et Alternatives Lotoises, le RRAL.
L’absence de communication
Jusque là, le projet à l’étude depuis plusieurs années n’avait donné lieu à aucune information publique. Le maire interrogé sur le sujet affirmait lui-même ne pas être au courant. Pourtant en général, c’est au maire de la commune concernée que le développeur présente en tout premier lieu son projet même à un stade embryonnaire. Ce début de concertation entame un processus de collaboration. D’ailleurs, dans le compte rendu du conseil municipal du 16 octobre 2020, nous pouvons lire qu’un projet de parc photovoltaïque privé porté par la société EnergieKontor France SAS a fait l’objet d’une délibération.
Les édiles se retranchent souvent derrière le fait que ce sont des projets privés et qu’en tant que tels ils ne sont pas concernés. Néanmoins, on peut lire sur le site du groupe Photosol exploitant la méga-centrale de Sarrazac en fonctionnement depuis 2014 : « Le projet de Sarrazac a été initié par cinq propriétaires terriens locaux, en collaboration étroite avec la municipalité dirigée par le maire Habib Fenni ». C’est une situation courante. La communication est inexistante et les projets restent toujours dans l’ombre durant toute la période où ils sont à l’étude (souvent plusieurs années), depuis la sécurisation des terres par l’énergéticien qui passe contrat avec l’agriculteur et le dépôt du permis de construire.
Vue partielle du parc photovoltaïque de Sarrazac
Intérêts privés ou intérêt général
On oublie que ces projets bien que privés concernent tous les citoyens car ils se réalisent en partie grâce à de l’argent public par le biais des subventions que touchent les porteurs de projet sachant que le coût de ces installations est considérable. Mais aussi et surtout parce qu’ils impactent l’environnement et le cadre de vie de toute la communauté des habitants. Et depuis que l’État s’est désengagé de la politique énergétique et l’a abandonnée à la logique privée, c’est la course au profit et l’accaparement de nos campagnes par les industriels de l’énergie
Plus largement, c’est tout le département du Lot (avec près de 60 projets) et celui de nos voisins corréziens qui sont impactés par ce phénomène. Dans d’autres départements comme l’Aveyron, la chambre d’agriculture et les élus refusent systématiquement les projets sur les espaces à vocation agricole pour les préserver et favoriser l’installation de jeunes agriculteurs. Ces collectivités renoncent à la rétribution financière que leur apporte les énergéticiens exploitants pour soutenir une vision à plus long terme.
Le collectif Stop Agrivoltaïque Cressensac est favorable aux installations sur toiture, parking ou sols artificialisés mais il affirme que le développement de l’énergie solaire ne doit pas se faire au détriment de la souveraineté alimentaire, de la biodiversité et de la qualité de vie sur nos territoires.
Parce qu’une centrale peut en cacher d’autres, nous vous donnons rendez-vous dans un prochain article pour vous informer des nouveaux résultats des investigations du collectif…
Pour contacter le collectif : stop.agrivolt.cressensac@gmail.com