Photovoltaïque: un document cadre controversé en Corrèze

En Corrèze, le collectif départemental Agrivolt 19 a été créé pour fédérer les collectifs locaux d’opposition aux nombreux projets de parcs agrivoltaïques (182 déjà déposés dans le département). Il permet à ceux-ci de mettre en commun leurs informations, leur expérience et l’expertise acquise dans le cadre de leur mobilisation.

Le collectif départemental vient de mettre en ligne une pétition pour contester l’avis rendu par la CDPENAF (commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers) au sujet du document cadre qui prévoit des dispositions pour encadrer les possibilités d’implantation de panneaux photovoltaïques au sol en zone agricole, naturelle et forestière.

Contexte

Dans le prolongement de la loi du 10 mars 2023 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables (voir notre article détaillé sur les enjeux et conséquences de la loi APER ICI), le décret du 8 avril 2024 est venu préciser les conditions de développement de projet photovoltaïque au sol dans les espaces naturels en confiant aux chambres d’agriculture de chaque département la réalisation d’une proposition de document cadre (à consulter aussi notre article du 11 mai sur le projet de document cadre dans le Lot ICI).

Celui-ci doit notamment définir les surfaces agricoles et forestières qui pourront être ouvertes à un projet d’installation, hors installations agrivoltaïques, en identifiant des surfaces de sols réputés « incultes » ou non exploités depuis au moins 10 ans.

Après un certain nombre de consultations menées par les services de l’Etat auprès de structures associées puis une enquête publique de 3 semaines, la CDPENAF devait voter la proposition de la chambre d’agriculture. Or en Corrèze, cette dernière a majoritairement voté la proposition de la chambre sur l’intégralité des projets sans débattre sur aucune des parcelles concernées.

Pourtant selon le collectif qui a visité l’ensemble des parcelles, celles-ci sont soit exploitées, soit arborées végétalisées ou encore classées zones humides. C’est pourquoi Agrivolt 19 refuse l’intégralité du document cadre.

PÉTITION ICI

Manifestations paysannes : 2 poids 2 mesures…

Nous relayons ici un communiqué de « Vigilance OGM 46 » (association loi 1901, reconnue d’intérêt général) qui dénonce le « deux poids deux mesures » concernant les poursuites engagées à la suite des manifestations paysannes selon quelles émanent de tel ou tel syndicat agricole.

 

Communiqué de presse du 27/05/2025 

DEUX POIDS, DEUX MESURES

Quand être accusé d’écrire au feutre effaçable mène au tribunal et révèle l’impunité dont jouissent certains syndicats agricoles

Alors que le monde agricole est agité depuis près de deux ans par des mouvements de protestations occasionnant parfois d’importantes dégradations, c’est un sympathisant de la Confédération Paysanne qui doit être jugé, le 5 juin par le tribunal correctionnel de Cahors. Alors qu’un préjudice matériel n’a pu être retenu à l’issue de la procédure, il est accusé de « dégradation ou détérioration légère d’un bien par inscription de signes ou dessins » sur les panneaux signalétiques de deux municipalités. En effet, au lendemain du retournement des panneaux signalétiques lancé par la FNSEA et les JA, il est accusé d’avoir écrit au feutre effaçable sur quelques panneaux retournés « FNSEA = AGRO-INDUSTRIE/ DANS LE MUR ! ».

Une situation qui prêterait à rire si elle n’était pas révélatrice de l’impunité installée depuis des décennies au profit de la FNSEA et aujourd’hui, de la Coordination rurale. Car est-il encore nécessaire de rappeler que, et pour ne parler que de la période récente, des militants de certains syndicats agricoles ont déversé voire incendié, à plusieurs reprises, les déchets de leurs fermes sur les ronds-points et devant la Direction départementale des territoires ou de la Préfecture de notre département. Que leur déblaiement, estimé à 465 000€ cumulés, est à la charge des collectivités locales de Figeac, Cahors et du Département. Et que les plaintes ayant pu être déposées par certaines municipalités restent, elles, sans suite de la part de la justice. Que les radars ont été recouverts pendant près d’un an et que les déchets incendiés ont dégagé des fumées toxiques pendant plusieurs semaines.

La Confédération paysanne du Lot a déposé une main courante en février 2025 pour constater les dégradations commises par ces syndicats agricoles et dénoncer ce “deux poids, deux mesures” dans la répression de l’expression syndicale.

La Confédération paysanne du Lot apportera son témoignage pour dénoncer le « deux poids, deux mesures » lors de ce procès et nous vous appelons nombreuses et nombreux à venir soutenir Philippe, le 5 juin à partir à 8h30 devant le tribunal correctionnel de Cahors.

 

 

« Vigilance OGM 46 » : Maison Paysanne, Place de la Halle 46320 Assier

vo46@riseup.net  / blog : https://vo46.wordpress.com/

Monde numérique : Faut-il passer sous Windows 11 ?

Tous les possesseurs de PC sous Windows s’en sont rendu compte : Microsoft nous rappelle régulièrement que le support de Windows 10 prendra fin en octobre 2025.

A lire cette annonce, les avantages pour changer de PC semblent alléchants : « une expérience moderne et efficace conçue pour répondre aux exigences actuelles en matière de sécurité renforcée ».

Et à l’heure ou l’on nous annonce régulièrement que de grands sites qu’on aurait pensé bien protégés sont piratés, cette notion de sécurité peut nous paraître essentielle.

Poudre aux yeux !

Si de grands sites commerciaux ou même étatiques (hôpitaux, etc.) peuvent être piratés alors qu’ils ont bien évidemment mis en place des procédures renforcées et qu’ils se sont entouré de spécialistes en cybersécurité, ce n’est certainement pas un petit Windows 11 familial ou un antivirus classique qui vous protégera !!

Le piratage vient presque toujours d’une erreur de l’utilisateur qui cliquera sur un lien qu’il a mal analysé, qui répondra à un mail frauduleux ou qui ouvrira une pièce jointe provenant d’une personne malveillante qui aura avancé masquée.

La meilleure protection est de toujours faire preuve de prudence, de ne pas aller sur des sites inconnus et de ne pas faire confiance aux annonces alléchantes comme par exemple une carte SNCF sénior à -95% ! Il n’y a pas plus de miracles dans le monde numérique que dans la vie réelle.

Un choix de Microsoft

Cette décision de Microsoft est un choix purement marketing pour pousser les gens à changer de machine et donc relancer les ventes. Car un PC standard dure largement plus de 10 ans… j’en ai un toujours fonctionnel qui date de 1991…

Environ 250 millions d’ordinateurs dans le monde ne sont pas compatibles avec Windows 11. Cette décision risque donc d’entraîner un vaste renouvellement contraint du parc informatique mondial. Mais quel est le problème ? Et bien il est double :

Problème écologique car la fabrication d’un nouveau PC se fait dans les pays du tiers-monde dans des conditions lamentables, depuis l’extraction des matières premières (800 kg de matière à extraire par PC) jusqu’à la fin de vie de ces machines. Les révélations des conditions de travail dans les mines en sont de douloureux rappels tout comme les cimetières numériques où les gens travaillent dans des conditions extrêmes au recyclage des composants.

Problème social car les personnes les plus précaires auront du mal à s’équiper. Non seulement elles ne sont pas informées de la possibilité de passer sur un autre système tel que Linux, mais elles ne sont pas toujours en mesure de financer l’achat d’un ordinateur neuf et donc cher. Conséquence, elles risquent de ne plus être en mesure d’accomplir des démarches administratives de base alors que la plupart des services publics sont en voie d’être automatisés (France Travail, la CAF, la Sécurité Sociale, etc.).  Les personnes en situation de précarité seront donc les plus touchées par la décision de Microsoft.

La dématérialisation des services publics est souvent présentée comme écologique, comme “zéro papier”. Mais on oublie que l’impact environnemental du numérique dépasse largement celui du papier. Les serveurs, les terminaux, le renouvellement permanent des équipements sont autant d’outils nécessaires au numérique. Le “zéro papier” est un slogan marketing.

Les constats établis invitent à se questionner : la fin du support de Windows 10 et des versions antérieures est plus qu’un simple changement de logiciel, c’est un révélateur. Elle met en lumière les dérives du modèle numérique actuel : obsolescence programmée, dépendance aux GAFAM et bientôt aux BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), impacts écologiques et sociaux, fracture numérique croissante.

En conclusion, à la question du titre « Faut-il passer sous Windows 11 ? », la réponse est clairement « Non », sauf impératif particulier bien sûr.

 

Pour en savoir plus, 2 articles dont je me suis inspiré :

https://www.halteobsolescence.org/aperhop-fin-windows-10/

https://www.lesnumeriques.com/ordinateur-portable/l-arret-de-windows-10-un-scandale-aussi-bien-social-qu-ecologique-n237109.html

URGENT ! Derniers jours pour contribuer à préserver les terres naturelles

Depuis le 22 avril, la préfecture du Lot a mis en ligne un avis d’enquête publique concernant le projet du document cadre identifiant des zones pouvant accueillir des installations photovoltaïques mais sans avoir fait une seule communication sur le sujet.

Informés tardivement de cette enquête publique grâce à notre réseau, nous nous sommes rendus en mairie pour voir si un affichage l’annonçait et nous renseigner sur les parcelles qui ont été retenues par la chambre d’agriculture sur la commune de Gignac ; mais personne n’était au courant, ni les secrétaires, ni les élus. Suite à notre passage, la mairie a publié l’info sur Intramuros dans la journée même.

Le projet d’arrêté de document-cadre vise à permettre l’installation de panneaux photovoltaïques « compatibles » avec l’activité agricole. 

Ces installations, sont possibles sur des terres réputées incultes ou inexploitées depuis plus de 10 ans, identifiées dans le document cadre proposé par la chambre d’agriculture et soumis à consultation.

Elles diffèrent de « l’agrivoltaïsme » qui implique que l’installation photovoltaïque apporte des « services » à l’activité agricole (agronomique, bien-être animal, adaptation au changement climatique, protection contre les aléas climatiques). Voir notre article publié en avril ICI

Pour se rendre sur le site de la préfecture et consulter tous les documents concernant cette enquête publique,  cliquez ICI

Attention ! La consultation se termine le 13 mai.

Les parcelles retenues à Gignac

Il s’agit de 4 parcelles  (F 732, F 733, F 734, F 735) qui se situent au hameau Lavayssière, à 75 mètres des habitations les plus proches. Elles se jouxtent et forment une zone d’1 ha boisée (classée à la SAFER taillis et bois de taillis) et sont répertoriées par le SCOT zone agricole, zone agricole protégée et zone naturelle. Cliquez ICI pour accéder à la parcelle F 734 sur le site Géoportail de l’Urbanisme.

Si nous voulons PRÉSERVER LES TERRES AGRICOLES, NATURELLES ET FORESTIÈRES, il est important que nous répondions en nombre à cette enquête.  

Comment participer ?

Pendant toute la durée de la participation du public, le public peut transmettre ses observations avec la mention « participation document cadre » (bien préciser l’objet) :

  • par courrier électronique à l’adresse mail suivante : ddt-participationdupublic46@lot.gouv.fr (avec accusé de réception)
  • par voie postale à la Direction départementale des territoires du Lot, unité affaires juridiques, contrôle de légalité de l’urbanisme et procédures environnementales, 127 quai Eugène Cavaignac, 46009 Cahors cedex

Chacun peut appuyer son avis motivé sur des critères généraux ou/et sur les parcelles de Gignac visées. Vous trouverez en cliquant ICI un dossier de la Confédération paysanne sur le photovoltaïque sur terres agricoles naturelles et forestières et ICI une tribune signée par 385 organisations. 

Quelques exemples de réponses

Vous trouverez ci-dessous plusieurs « modèles de réponse »

1) Demande de retrait de parcelles avec les références :

– Commune

– Section et numéro de parcelles (pour accéder à la cartographie ICI et au tableau des parcelles ICI

– Motifs de la demande (rejet du caractère inculte, inexploité…)

Exemple 1 :

Bonjour,

Dans le cadre de l’enquête publique sur l’établissement du document cadre du Lot, je demande le retrait des parcelles suivantes:

Commune de Cahors

Section EH

Numéros 9, 14, 111, 114, 220, 222, 439, 442, 445, 449, 451, 473, 476, 479, 485, 488, 519, 618, 686, 687, 697 et 698.

Motif: Ces parcelles constituent un espace vert, naturel, entretenu, bordant la promenade du moulin, espace de détente et de promenade des habitants du quartier de la Croix de Fer.

Il serait d’autant plus aberrant de permettre l’implantation d’installations photovoltaïques sur cet espace qu’il existe à proximité une surface importante de surfaces commerciales déjà artificialisées, susceptibles d’accueillir de telles installations sans conséquences sur l’environnement, comme celles installées par le centre commercial Intermarché.

Exemple 2 :

Motifs : Ces parcelles font l’objet d’une utilisation familiale non prise en compte dans le document

Exemple 3 :

Motifs : Ces parcelles sont en cours de reboisement et ne correspondent pas aux critères incultes et inexploitées

 

2) Observations générales et demande de retrait de toutes les parcelles

Vous trouverez ICI l’Avis de la Confédération Paysanne du Lot sur le projet de document-cadre.

Vous pouvez reprendre cette réponse de manière simplifiée et en vous la réappropriant.

Chez nos voisins, la Confédération paysanne de la Corrèze, après avoir visité l’ensemble des parcelle proposées par la chambre d’agriculture, a estimé « qu’aucune ne répond à la définition de sols incultes ou non exploités ». Retrouvez également la lettre au préfet adressée par cette confédération dans son intégralité ICI

 

A lire aussi deux articles qui peuvent alimenter nos contributions :

– de France info ICI

– du journal La Provence ICI

 

Notre association rejoint le Réseau des Résistances et Alternatives Lotoises

Le dimanche 16 mars 2025, les membres du jeune Réseau des Résistances et Alternatives Lotoises se réunissaient pour la troisième fois à Montfaucon et ouvraient leur assemblée à de nouveaux candidats souhaitant rejoindre le réseau. Nous faisions partie des postulants, l’association Gignac Ensemble étant représentée par sa présidente et un membre de son conseil d’administration.

Après un repas partagé très convivial en extérieur sous un vif soleil, les membres et futurs membres du RRAL ont pris place dans la salle des fêtes pour un après-midi studieux. Un premier tour de parole a permis à tous les nouveaux candidats de présenter leur collectif ou association. Nous avons ensuite participé à un après-midi d’échanges et de réflexion sous forme d’ateliers thématiques qui ont permis de définir les besoins prioritaires et de préciser l’organisation du réseau.

Concernant les particuliers intéressés à rejoindre ou à soutenir le RRAL, il a été arrêté que ceux-ci seraient invités à se rapprocher d’un des groupes le constituant car le RRAL est un réseau de collectifs et d’associations.

En fin de journée, les groupes constitutifs du RRAL ont rendu leur avis concernant l’intégration des candidats présents qui ont tous été acceptés.

Petite chronologie du RRAL

A l’origine du Réseau des Résistances et Alternatives Lotoises, plusieurs associations et collectifs de soutien à la préservation de l’environnement donnent rendez-vous aux Lotois au mois d’octobre 2024 à Prayssac pour les informer des projets délétères en cours dans le département (en savoir plus ICI). En décembre 2024, les associations et collectifs se réunissent, s’organisent et co-signent l’Appel de Montfaucon qui constitue l’acte de naissance symbolique du RRAL (voir notre article du 20 mars 2025). L’objectif commun des collectifs et associations constituants est non seulement de « s’opposer aux projets destructeurs en cours mais également de décider ensemble comment vivre ici et maintenant pour des futurs désirables ».

L’engagement de Gignac Ensemble

Notre association après ATTAC 46 est la deuxième association du nord-ouest du Lot à rejoindre le RRAL. Grâce à sa présence sur ce territoire, elle renforce le maillage du département en terme de veille et de lanceur d’alerte pour les projets écocides. En soutenant les autres collectifs et associations du réseau à travers le partage et la diffusion d’informations, et la participation à leurs actions locales, Gignac Ensemble s’inscrit dans une démarche solidaire à l’échelle du Lot. Cette mise en réseau permet également à notre association de se doter d’outils et d’une certaine expertise pour accompagner des initiatives citoyennes locales liées à la défense de l’environnement, à la préservation de notre cadre de vie et à des nouvelles formes de vivre ensemble. Ainsi en rejoignant le Réseau des Résistances et Alternatives Lotoises, notre association poursuit pleinement les buts qu’elle s’est fixée.

Retrouver la dernière version de l’Appel de Montfaucon ICI

Pour aller plus loin, un autre article d’actuLot ICI

Le supermarché « zéro déchet » existe-t-il ?

« Supermarché zéro déchet » apparait comme un oxymore et pourtant un couple de Toulousains s’est affranchi de la contradiction. Salomé et Pierre Géraud dont le rêve est un monde sans déchet et une société de consommation plus responsable ont créé en 2018 le Drive tout nu. L’objectif de ce Drive: s’adresser aux habitants des zones périurbaines qui n’ont pas d’autre choix que d’aller en supermarché en rendant le zéro déchet accessible et simple.

Non seulement au Drive tout nu les produits sont à majorité locaux et bio mais ils sont délivrés en vrac ou conditionnés en bocaux de verre qui se sont substitués aux emballages. Pour encourager la démarche responsable, la consigne est prise à contre-courant; en ramenant leur bocaux les clients cagnottent 10 centimes sur certains contenants.

En 6 ans, l’enseignement s’est largement étendue. Elle dispose maintenant de cinq drives et quatre points de retrait en périphérie urbaine de Toulouse et a gagné d’autres villes, notamment Lille et BordeauxLa livraison par vélo en triporteur a été lancée en centre-ville toulousain et lillois. Quant aux Bordelais, ils peuvent peuvent passer par Yper, un système de livraison collaboratif.

Sachant que les plastiques ont contaminé les terres, les rivières, que chaque année 8 millions de tonnes de plastiques finissent dans nos océans et que selon une nouvelle étude de l’Université de Newcastle un humain pourrait ingérer 5 grammes de plastique par semaine, il faut espérer que les initiatives comme celle-ci se généralisent et essaiment aussi dans nos territoires ruraux.

A l’échelle de la France, il y a bien la loi AGEC (Anti-gaspillage pour une économique circulaire) qui fixe des objectifs à atteindre chaque année pour réduire à la source la pollution plastique (avec l’objectif de la disparition totale des emballages plastiques à usage unique d’ici 2040) mais les industries agroalimentaires restent addicts au plastique. C’est pourquoi la consigne, le réemploi et le vrac sont trois solutions efficaces et accessibles pour sortir de l’utilisation systématique du plastique et de ce fléau industrialisé.

En 2024, Salomé et Pierre Géraud ouvraient à Toulouse le premier supermarché « zéro déchet de France.

Création du Réseau des Résistances et Alternatives Lotoises

Le Réseau des Résistances et Alternatives lotoises (RRAL) est né à la suite d’une réunion d’information qui s’est déroulée à Prayssac à l’automne 2024, rencontre destinée à décrire les projets écocides en cours dans le département du Lot. Ce réseau est constitué d’associations et de collectifs indépendants ayant pour objectif commun de s’opposer à ces projets et de chercher à construire un futur désirable. Le RRAL n’entrave en rien l’autonomie, l’approche et les modes d’action de chaque groupe le constituant.

L’Appel de Montfaucon constitue l’acte de naissance symbolique de ce réseau. Nous le relayons dans son intégralité ci-dessous.

L’Appel de Montfaucon 

Le 4 octobre 2024, lors d’une réunion d’information à Prayssac, des associations et collectifs lotois ont dressé le triste tableau des projets délétères en cours dans le département. Cette soirée fut l’occasion pour les 200 personnes présentes de prendre conscience de l’étendue du désastre en cours et à venir.

Pour beaucoup d’entre nous, le département du Lot semblait encore un territoire relativement préservé de ce type de projets, mais il n’en est rien : champs de panneaux solaires en zones naturelles, agricoles et forestières, jusque dans le Parc Naturel Régional des Causses du Quercy où 7000 arbres pourraient être abattus et des dolmens disparaître ; méthaniseurs et leur plan d’épandage aussi inefficaces que polluants ou coûteux ; déforestation massive en Bouriane et dans le Ségala ; tourisme de masse et de luxe inadapté aux enjeux environnementaux du territoire; agrandissement des carrières au détriment des riverains et des rivières, gestion catastrophique des ordures ménagères avec la mise en place de la Tarification Incitative, etc. Et que dire des projets éoliens dans le Ségala ? Aux sites existants se rajouteraient 20 zones qualifiées de « zones à potentiel éolien » sans se préoccuper de la faiblesse du vent, de la présence de zones humides, de sources à préserver (Tolerme), de la biodiversité et encore moins de la proximité des habitations. Bref, le Lot change de peau, une vilaine surprise à chaque pas.

Celles et ceux présents ce soir-là ont remarqué les similitudes de tous ces projets : saccage environnemental, projets occultés, population ignorée, argent public dilapidé, intérêt privé primant sur l’intérêt général , greenwashing systématique (projets ripolinés en vert), etc… La diagonale du vide devient celle du profit pour ces quelques multinationales ou multimillionnaires.

Alors que ce sombre constat aurait pu paralyser les participants, il impulsa au contraire une envie collective de se revoir, de s’organiser et de faire face. Tel fut l’objet d’une deuxième rencontre début décembre à Montfaucon, qui vit la création du Réseau des Résistances et Alternatives Lotoises. Celui-ci, composé d’associations, de collectifs autonomes, et de citoyens inquiets s’est donné pour buts de s’opposer plus activement encore aux projets écocides, d’informer la population pour qu’elle s’implique dans la politique locale et décide collectivement des choix concernant sa vie quotidienne, son environnement et la gestion des communs: le Vivant, l’Eau, l’Air, la Terre et son sous-sol.

Constatant que le modèle de production imposé actuellement détruit la qualité des communs nécessaires à la vie, ici comme ailleurs; que les décisions politiciennes tant nationales que locales nous enchaînent toujours plus à des choix irresponsables et ne tiennent pas compte des réels besoins de la population;
Nous Invitons les habitants et les habitantes à se réapproprier leurs conditions de vie pour ne plus dépendre de ce modèle mortifère;
Nous Appelons celles et ceux qui partagent ce constat à rejoindre nos associations et collectifs pour s’opposer aux projets destructeurs en cours et décider ensemble comment vivre ici et maintenant pour un futur désirable.

Réseau des Résistances et Alternatives Lotoises
RRAL46@disroot.org (à confirmer)
Signataires :
Assemblée Citoyenne Émancipée
Assemblée Citoyenne Figeacoise
Association Pour la Préservation des Sites Menacés en Bouriane
Association Vent du Haut Ségala
Collectif L’Appel de la forêt
Collectif Citoyens Lotois
Collectif Écran Total Occitanie
Collectif des habitants de Montcuq, Bouloc, Lauzerte et
des environs
Collectif Trie, paie et tais-toi
La Libraithèque : le droit à la paresse
Tolerme Nature
Vigilance OGM 46

 

Si le Réseau des Résistances et Alternatives lotoises vous intéresse et si vous souhaitez le contacter, vous pouvez le faire à cette adresse: reseau-rral@riseup.net

Changement de lieu pour le concert de l’AELC !

Dans notre article du 11 septembre nous annoncions que le bal paysan organisé par l’Association Environnemental Lot Célé de ce 19 septembre aurait lieu à Cajarc. Suite à des problèmes administratifs cet événement est déplacé dans un lieu éminemment symbolique, à deux pas du site convoité par Total Energies : la Ferme des Gariottes à Nissac (Saint-Martin Labouval)

Un témoignage du « Village international de l’eau » dans le Poitou

Nous vous partageons le témoignage d’une de nos adhérentes qui s’est rendue au « Village de l’eau » installé du 16 au 21 juillet 2024 dans la commune de Melle dans les Deux-Sèvres:

Convaincue que l’eau est un bien précieux dont il faut faire un usage raisonné et sobre, que sa gestion collective comme celle des autres ressources naturelles est un pilier de la transition écologique et du lien social, le principe des méga-bassines m’interrogeait. Originaire de la Beauce et sensible à la surexploitation des terres et à l’usage immodéré de pesticides, l’accaparement de l’eau – pourtant un « bien commun » – par une poignée d’intérêts privés soutenant ce modèle agricole lié à l’agro-industrie ne m’a pas laissé indifférente.

Lorsqu’en mars 2023 la mobilisation contre le projet de réserve d’eau artificielle de Sainte-Soline mobilisant près de trente mille personnes (entre 6 000 à 8 000 selon les autorités) a subi une féroce répression occasionnant deux cents blessés, j’ai voulu en savoir plus. Je ne me suis pas contentée du récit unique des médias de masse et des personnalités politiques. J’avais besoin d’entendre le vécu de ces femmes et de ces hommes qui au risque d’atteinte à leur intégrité physique et psychique avaient tenus à manifester malgré les interdictions (vous pouvez visionner le documentaire « Sainte-Soline, Autopsie d’un carnage » ICI

Un an plus tard lorsque le collectif Bassines Non Merci et les Soulèvements de la Terre (avec l’appui de 120 organisations co-déclarantes) ont annoncé l’organisation d’une rencontre internationale autour du thème de l’eau à moins d’une vingtaine de kilomètres de Sainte-Soline, c’était l’occasion pour moi de rencontrer celles et ceux qui se mobilisent et s’engagent aujourd’hui pour défendre les ressources de la planète et leur partage. L’opportunité de découvrir aussi leur créativité, leur inventivité pour de nouvelles formes de luttes mais aussi de les soutenir. Le programme de l’événement était d’ailleurs fort alléchant, militant bien sûr mais aussi très festif (pour voir le programme complet cliquez ICI).

Un village pas comme les autres

J’ai donc ressorti mon vieux sac à dos et ma tente canadienne, et me suis rendue au « Village de l’eau » accueilli par la commune de Melle. Cette commune des Deux-Sèvres connaît depuis plus de dix ans des épisodes de sécheresse qui imposent à ses résidents des restrictions – on comprend alors bien pourquoi l’eau est un enjeu primordial dans cette région, ses habitants savent pertinemment que l’eau est une ressource précieuse. D’ailleurs, saluons le courage du maire de Melle, Sylvain Griffault (élu en 2020 sans étiquette) et de ses conseillers qui malgré les nombreuses pressions (FNSEA, Coordination Rurale, politiciens …) ont gardé la volonté sans faille d’accueillir le rassemblement non-violent des opposants aux méga-bassines et à l’accaparement de l’eau au profit de l’agrobusiness. Selon les mots du Maire, c’est une façon de « faire pour que les espaces de démocratie restent vivants à un moment ou trop peu est dit ou fait pour qu’ils le demeurent ou pour qu’ils se développent ».

Arrivée en terre hostile

A l’approche de Melle, ce sont champs de céréales sans haie, ni forêt, balayés par le vent chaud et des parcs éoliens qui s’offrent à perte de vue. Puis, il faut affronter les nombreux barrages organisés par plus de 3000 policiers et gendarmes déployés pour l’événement. Le zèle des forces de l’ordre doit décourager les participants à venir au village de l’eau (fouille complète des véhicules, des sacs et saisies de divers objets inoffensifs) alors l’inquiétude monte: si comme certains, on me confisque mes piquets de tente où vais-je dormir ? Et si l’on me saisit ma gourde en métal ? Par chance, lorsque je rejoins à pied le Village de l’eau du parking improvisé en plein champ à trois kilomètres sous une chaleur harassante, les forces de l’ordre viennent de se déplacer.

Le village de l’eau, installé dans un îlot de verdure (au cœur de la vallée de l’Argentière), traversé par un ruisseau où vit la loutre, contraste avec les alentours immédiats. L’accueil y est chaleureux et les regards bienveillants. C’est une atmosphère détendue et joyeuse qui règne dans le village malgré la tension entretenue par le survol régulier de cinq hélicoptères et de dizaines de drone qui surveillent le village jour et nuit. Tout ce dispositif semble tellement disproportionné et surréaliste au regard de ce qui se vit réellement sur le site. Je n’y croise pas de prétendus « écoterroristes » mais des personnes de toutes générations confondues, d’origines sociales variées et de diverses nationalités qui sont réunies pacifiquement pour la même cause.

Des journées bien remplies

Avec des tables rondes, conférences, ateliers, formations, projections, balades naturalistes, concerts et spectacles, le programme de cette semaine est riche et divers. Les propositions sont toutes intéressantes et il est souvent difficile de faire son choix. Sans compter le temps dévolu aux rencontres et aux échanges très riches qui se font aisément dans la vie quotidienne du village et au sein des groupes de bénévoles réunis pour une même tâche (comme les corvées d’épluchage à la cuisine). Je m’attarde aussi dans les nombreux stands de collectifs et d’associations qui jalonnent le village. J’y découvre par exemple le travail de la Coordination Eau Île-de-France qui a transformé le paysage de l’eau en Île-de-France en soutenant un mouvement citoyen porteur de la création d’un certain nombre de régie publique dans de nombreuses communes. Ou encore, je consulte les publications à disposition sur les stands du média Reporterre, de l’Atelier Paysan ou celui d’Extinction Rébellion…

Les informations sont relayées très facilement sur le site et les journées sont aussi ponctuées par les appels à l’accueil collectif, joyeux et en musique, des nombreux convois à vélo qui arrivent des différentes régions de France. Je croise un couple du quatrième âge qui arrive de Bretagne à vélo. Incroyable ! La lutte multiplie les forces !

Le village est aussi le point de départ de deux jours de mobilisation à Saint-Sauvant dans la Vienne et à la Rochelle. Ces actions se veulent avant tout pacifiques et symboliques. Les cortèges à vélo ou à pied, ceux des tracteurs de la Confédération Paysanne sont lancés au rythme des fanfares et convergent vers des sites agro-industriels emblématiques. Ces actions de mobilisation peuvent être aussi poétiques et reflètent l’ingéniosité des militants comme ce lâcher de cerf volant larguant des lentilles d’eau au dessus d’une bassine.

En ce qui me concerne, je choisis de rester au village pour participer au fonctionnement du campement et préparer l’accueil du retour des manifestants.

Une dynamique d’autogestion

Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est l’incroyable efficacité de l’organisation horizontale du Village de l’eau qui a rassemblé jusqu’à 10 000 personnes par jour, le tout reposant uniquement sur la dynamique d’autogestion grâce à la participation de chacun à la vie du village. La préparation des repas végétariens complets servis midi et soir (prix libre) avec des temps d’attente réduits malgré l’affluence, la productivité des fours à pain mobiles de l’Internationale Boulangère Mobilisée, le roulement de l’entretien des toilettes sèches, le sourire des bénévoles des points infos, la disponibilité des soignants de la base soin, la mise à disposition aux étrangers ne maîtrisant pas le français de récepteurs de traduction simultanée pour les débats et conférences… Tout cela permettant un fonctionnement fluide du village et basé sur l’entraide et la bonne humeur.

J’ai aussi découvert la dimension internationale de la lutte pour la défense de l’eau. Des délégations internationales issues d’une vingtaine de pays différents (espagnoles, marocaines, mexicaines, chiliennes, colombiennes, palestiniennes, nord américaines, indiennes, brésiliennes, belges) étaient présentes et leurs représentants sont intervenus lors de tables rondes thématiques passionnantes.

Le village de l’eau c’est aussi, la gazette quotidienne très créative qui est publiée et distribuée chaque jour dans le village et une radio qui couvre les manifestations et diffuse pour ceux qui sont restés au village l’info en temps réel de ce qui s’y passe.

Et au-delà de cette logistique incroyable, ce que je retiens avant tout de cette expérience c’est que l’entraide et la solidarité sont les moteurs de la lutte contre les oppressions et que la lutte pour l’environnement est intersectionnelle puisqu’elle a des connections très fortes avec d’autres luttes – sociales, féministes, anti-racistes…

Enfin, lors de ces quelques jours de mobilisation collective, j’ai pu ressentir avec beaucoup de force que se mobiliser collectivement – et d’autant plus au sein d’un grand collectif comme celui réuni à Melle – est source d’une grande joie, alors même que les défis écologiques et sociaux auxquels nous sommes confrontés sont immenses. Pour moi la lutte est définitivement synonyme d’optimisme !

Pour en savoir plus, retrouver ICI le compte rendu jour par jour de l’événement par ATTAC ou encore sur la répression des actions, regarder la vidéo d’un journaliste de terrain ICI