Pourquoi une Journée internationale des droits des femmes le 8 mars ?

La Journée internationale des droits des femmes nous donne l’occasion de faire un petit retour en arrière pour comprendre comment a été institutionnalisée cette journée spéciale et quel est son but.

Officialisée par les Nations unies en 1977 et célébrée dans de nombreux pays à travers le monde le 8 mars, cette journée est l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes. Traditionnellement les groupes et associations de femmes militantes préparent des événements partout dans le monde pour fêter les victoires et les acquis, faire entendre leurs revendications et améliorer la situation des femmes.

Petite chronologie

La Journée internationale des droits des femmes ou journée internationale des femmes pour l’ONU, est apparue dans le contexte des mouvements sociaux au tournant du XXe siècle en Amérique du Nord et en Europe.

Le mouvement féministe en plein essor, renforcé par quatre conférences mondiales sur les femmes organisées par l’ONU, a contribué à faire de la célébration de cette Journée le point de ralliement des efforts déployés pour exiger la réalisation des droits des femmes et leur participation au processus politique et économique :

1909 – Sous l’impulsion du Parti socialiste américain, la première Journée nationale des femmes est célébrée aux États-Unis le 28 février. Les femmes ont continué à célébrer cette journée le dernier dimanche de février jusqu’en 1913.

1910 – L’Internationale socialiste réunie à Copenhague instaure une Journée des femmes, de caractère international, pour rendre hommage au mouvement en faveur des droits des femmes et pour aider à obtenir le suffrage universel des femmes.

1911 – À la suite de la décision prise à Copenhague l’année précédente, la Journée internationale des droits des femmes a été célébrée pour la première fois, le 19 mars, en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse (plus d’un million de femmes et d’hommes ainsi rassemblés). Outre le droit de voter et d’exercer une fonction publique, elles exigeaient le droit au travail, à la formation professionnelle, ainsi que l’arrêt des discriminations sur le lieu de travail.

1913 – Dans le cadre d’un mouvement pacifiste, les femmes russes ont célébré leur première Journée internationale des droits des femmes le dernier dimanche de février 1913. Dans les autres pays d’Europe, autour du 8 mars les femmes ont tenu des rassemblements pour protester contre la guerre ou pour exprimer leur solidarité avec leurs sœurs.

1917 – Deux millions de soldats russes ayant été tués pendant la guerre, les femmes russes ont de nouveau choisi le dernier dimanche de février pour faire la grève afin d’obtenir « du pain et la paix » malgré l’interdiction des autorités.  Quatre jours plus tard, le tsar abdiquait et le gouvernement provisoire accordait le droit de vote aux femmes.

1975 – Lors de l’Année internationale de la femme, l’Organisation des Nations unies a commencé à célébrer la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars.

1995 – Le Programme d’action issu de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing réunissant 189 gouvernements projette un monde où chaque femme et chaque fille peut exercer ses libertés et ses choix, connaître et comprendre tous ses droits, notamment le droit de vivre sans violence, le droit à l’éducation, le droit de participer à la prise de décision et le droit de recevoir un salaire égal pour un travail égal.

2014 – La 58e session de la Commission de la condition de la femme (CSW), principal organe intergouvernemental mondial dédié à la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, a examiné les résultats obtenus et les difficultés rencontrées dans la réalisation des Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) en faveur des femmes et des filles.

Il reste malheureusement tant de chemin à parcourir en matière de droits des femmes dans le monde et les objectifs des organisations internationales tellement loin d’être atteints que cette journée a des « chances » d’être encore longtemps célébrée.

Un thème chaque année

Les Nations Unies définissent chaque année une thématique différente. Cette année la thématique s’intitule: Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes. Selon l’ONU, « Nos vies dépendent de plus en plus d’une forte intégration technologique : suivre un cours, appeler des proches, effectuer une transaction bancaire ou prendre un rendez-vous médical. De nos jours, tout passe par un processus numérique. Et pourtant, 37% des femmes n’utilisent pas internet et bien qu’elles constituent près de la moitié de la population mondiale, l’écart technologique est toujours en leur défaveur : par rapport à la population masculine, elles sont 259 millions de moins à ne pas avoir accès à Internet. »

L’accès à Internet des femmes détermine leur possibilité de poursuivre une carrière scientifique car d’ici 2050, 75% des emplois seront liés aux domaines scientifiques et technologiques. Cette année, la célébration de cette journée mesure l’impact de l’écart numérique entre les sexes et les inégalités économiques et sociales qui en découlent. Elle montre aussi l’importance de protéger les droits des femmes et des filles dans les espaces numériques pour lutter contre la violence sexiste en ligne, facilitée par les technologies de l’information et de la communication.

Des rendez-vous dans le Lot

Plusieurs rendez-vous sont organisés dans le Lot à l’occasion de cette journée autour de projections, d’expos et de conférences notamment à Cahors et à Figeac. A noter deux expositions à Figeac au café associatif l’Arrosoir, l’une du photographe Marc Brun « Portrait de femmes » jusqu’au 1er avril et l’autre « Les droits des femmes » par Amnesty international qui se termine le 23 mars (plus de renseignements ICI)

Plus près de Gignac, une conférence « 6 siècles d’émancipation artistique et féminine » est organisée par le centre social et culturel Robert Doisneau en partenariat avec l’association Ecaussystème,  le samedi 11 mars à 18h (entrée gratuite).

Quelques ouvrages parmi tant d’autres

Pour les adultes:

L’ouvrage incontournable de Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe dans lequel l’auteure  s’appuie sur des exemples historiques pour démontrer que l’évolution de la société a fait des femmes des citoyens de seconde classe. Lorsqu’il est paru en 1949, la France n’avait accordé le droit de vote aux femmes que cinq ans auparavant donc l’auteure ne manquait pas d’arguments pour défendre sa thèse avec courage.

Un pamphlet d’aujourd’hui décapant, Mes bien chères sœurs de Chloé Delaume au seuil. Un livre qui présente « la quatrième vague féministe » menée non plus par des militantes mais par des femmes ordinaires qui remettent en cause les us et les coutumes de notre pays où une femme sur dix est violée au cours de sa vie et où tous les trois jours une femme est assassinée par son conjoint. Un court texte à l’humour incisif et résolument optimiste qui prône la sororité comme outil de puissance virale. En ne pointant aucune femme du doigt, Chloé Delaume appelle joyeusement les femmes à se serrer les coudes et à agir ensemble.

Pour les plus jeunes:

A partir de 10 ans, La bonne étoile de Malala d’Isabelle Wlodarczyk chez Oskar éditeur, qui raconte l’histoire de Malala, petite Pakistanaise devenue une militante des droits à l’éducation et lauréate du prix Nobel de la paix.

Une BD pour les ados, Histoire(s) de femmes, 150 ans de luttes pour leur liberté et leurs droits par Marta Brees et Jenny Jordahl chez Larousse. L’album raconte sans détour, avec humour et émotion, les incroyables histoires parfois tragiques des femmes de l’ombre qui se sont battues pour faire évoluer les mentalités et les lois dans le monde.

Que cachent nos téléphones portables ?

Hugo Clément a consacré une émission de la série documentaire « Sur le Front » aux réalités cachées de nos téléphones portables.

A travers une enquête approfondie, le journaliste nous montre en quoi ces petits objets devenus prolongement de nous-mêmes ont un impact considérable sur l’environnement. Alors bien sur, on a tous entendu parler de ces fameux métaux rares qu’ils contiennent ou encore fait l’expérience de leur obsolescence programmée. Mais connaissons-nous vraiment l’intégralité du cycle de vie d’un smartphone ? Savons-nous réellement comment fonctionnent  les data centers et que les 250 installés en France consomment à eux seuls deux fois plus d’énergie que tout l’éclairage urbain du pays ? Comment circulent la transmission des données à travers le monde, nous imaginons un monde immatériel avec des ondes et des satellites ? Peut-on vraiment recycler les téléphones portables ?

Ce documentaire passionnant nous introduit au cœur de ces espaces hautement protégés, les data centers. Il nous conduit sur le terrain en Nouvelle-Calédonie dans les mines de nickel à ciel ouvert ou encore nous  invite à remonter toute la filière du recyclage.

Au-delà du constat vertigineux qu’il fait, le documentaire propose des pistes de réflexion pour réduire l’impact économique et environnemental de nos chers téléphones portables. Il s’ouvre d’ailleurs sur une séquence où l’on entre dans un immeuble chauffé par la chaleur produite par des serveurs informatiques qui stockent nos données. On y découvre aussi des entreprises innovantes qui commencent à fabriquer des téléphones réparables par l’utilisateur lui-même ou encore des associations qui portent plainte contre les constructeurs mondiaux pour qu’ils se plient à certaines règles.

Pour visionner le documentaire « Les petits secrets de nos téléphones portables » (58 min) sur le site de France Télévision, cliquez ICI

Quelques chiffres en plus: 

  • Un téléphone portable effectue 4 fois le tour du monde pour sa fabrication.
  • Pas moins de 70 matériaux sont nécessaires pour sa confection.
  • Des métaux précieux (or, argent, palladium…) et rares (lithium, tantale, cobalt…), très couteux et difficiles à extraire.
  • Il faut jusqu’à 150 kilos de matière pour fabriquer un téléphone portable qui pèse 150 grammes (32 kilos pour une puce de 2 grammes)
  • Selon l’UNICEF, plus de 40 000 enfants travailleraient dans les mines du sud de la République Démocratique du Congo (surtout mines de cobalt et de coltan, minerais stratégiques que l’on retrouve dans les batteries et les condensateurs des smartphones).

En savoir plus:  ICI

Quelques conseils d’utilisation responsable:

Greenspector, une société de conseil pour réduire l’empreinte environnementale du numérique, a réalisé un classement des applications de réseaux sociaux dont l’empreinte carbone est la plus élevée :

  • TikTok (4,93 gEqCO2 par minute), dernier arrivé des réseaux sociaux, est celui qui détient l’impact carbone le plus élevé.
  • Reddit (4,54 gEqCO2 par minute)
  • Pinterest (3,53 gEqCO2 par minute)
  • Snapchat (2,03 gEqCO2 par minute)
  • Instagram (1,91 gEqCO2 par minute)

La moyenne des applications de réseaux sociaux se situe à 2,1 gEqCO2. les meilleurs élèves sont LinkedIn (0,75), Facebook (0,73) et YouTube (0,66). Le fil d’actualité Tik Tok a un impact carbone de 7,4 fois plus important que celui de Youtube.

Les tests de cette étude ont été réalisés avec un smartphone Galaxy S7 (sous Android 8)  en faisant défiler le fil d’actualité de chaque application durant une minute.

Cette mesure correspond à 1,5% de l’impact carbone d’un Français qui est de 7 tonnes à l’année.

Greenpeace donne une série de conseils pour réduire notre pollution numérique concernant notamment les vidéos en ligne  :

  • Lorsque c’est possible, privilégiez le téléchargement au streaming. Pour la musique, privilégiez aussi le téléchargement, puis le streaming musical et en dernier recours les vidéos YouTube.
  •  Évitez d’utiliser la 4G le plus possible et connectez-vous au Wi-Fi dès que possible (la 4G consomme 23 fois plus d’énergie que le Wi-Fi .et donc émet d’autant plus de gaz à effet de serre).
  •  Visionnez les vidéos en basse définition et évitez les vidéos en 4K ou 8K.
  • Pour des réseaux sociaux comme Facebook ou YouTube où il est possible de le faire, pensez à désactiver la lecture automatique des vidéos.
  • Privilégiez les réparations et les téléphones reconditionnés au lieu d’acheter des appareils neufs.

Pour aller plus loin :

Si vous souhaitez en savoir davantage sur le monde « dématérialisé » du numérique et dissiper le mirage du cloud pur et éthéré, le livre de Guillaume Pitron, « L’Enfer numérique : Voyage au bout d’un like » aux éditions Les Liens qui libèrent est l’ouvrage qu’il vous faut: 

« Quelle est la géographie de nos clics et de nos données ? Quels enjeux écologiques et géopolitiques charrient-ils à notre insu ? À l’heure du déploiement de la 5G, des voitures connectées et de l’« intelligence artificielle », cette enquête, menée durant deux ans sur quatre continents, révèle l’anatomie d’une technologie qui n’a de virtuel que le nom. Et qui, sous couvert de limiter l’impact de l’homme sur la planète, s’affirme déjà comme l’un des défis environnementaux majeurs du XXIe siècle. »

Une BD adulte à découvrir

L’auteur de bande dessinée Etienne Davodeau accomplit, en 2019, un périple de 800 Km entre la grotte de Pech Merle du Lot et Bure dans la Meuse avec un projet d’album en tête. Deux ans plus tard paraît Le droit du sol, sorte de récit initiatique qui mêle l’intime, la réflexion sociétale et le reportage rigoureusement documenté.

Au fil des bulles, nous suivons l’auteur à travers son cheminement à la fois physique et intellectuel. Les amoureux de la randonnée pédestre et de la nature s’y reconnaîtront car cet ouvrage est aussi une ode à la nature, à la terre, à la simplicité et au temps qui passe. Mais le projet d’Etienne Davodeau va bien au-delà; s’il a choisi de relier en marchant les peintures rupestres, trésors de l’humanité protégés, de Pech Merle et le projet d’enfouissement de déchets nucléaires sous le bois Lejuc à Bure, c’est pour « explorer un vertige ». Deux actes séparés de 20.000 ans, deux empreintes laissés par l’homme… Et ce faisant, le marcheur-observateur, nous invite à un voyage dans le temps et dans l’espace. Sapiens parmi les sapiens, il interroge notre rapport au sol et à la terre.

Un pari osé et réussi car nous sommes embarqués dans les réflexions de l’auteur, souvent empreintes d’ironie, et par ses rencontres fortuites ou « convoquées ». L’album est distrayant et n’en reste pas moins une BD de reportage richement documentée, entre témoignage et journalisme. Les érudits et spécialistes que nous croisons sur ces sentiers ne sont jamais ennuyeux lorsqu’ils nous relatent l’histoire singulière du sol de notre planète ou encore celle du nucléaire et de ses déchets. La beauté des dessins aux superbes grisés souligne la beauté de la terre tandis qu’un alarmant combat fait rage à Bure.

Cette BD est à la fois une quête introspective et un reportage engagé. Son auteur nous rappelle que la marche est sans doute une des activités qui nous réconcilie le mieux avec le monde et nous alerte du terrible danger qui pèse sur le droit du sol.

En savoir plus sur la bibliographie d’Etienne Davodeau, ICI

Les mégabassines en question

Qu’est-ce qu’une mégabassine ?

Un immense réservoir d’eau sur 8 à 10 hectares au beau milieu des champs, creusé à 10 ou 15 mètres de profondeur et tapissé de bâche plastique. Officiellement appelées « réserves de substitution », ces mégabassines peuvent emmagasiner jusqu’à 900 000 mètres cubes d’eau, soit l’équivalent de 360 piscines olympiques. Elles sont remplies en hiver par pompage direct dans les nappes phréatiques pour stocker l’eau et ainsi éviter de pomper celle-ci en saison chaude lorsque les nappes phréatiques et les cours d’eau sont au plus bas et que des arrêtés de crise restreignent l’irrigation. Cette technique peut paraître de simple bon sens mais cache d’autres enjeux.

Des mégabassines au service de qui et de quoi ?

Ces infrastructures agricoles très coûteuses sont réservées à l’agriculture industrielle essentiellement pour la monoculture intensive du maïs extrêmement gourmande en eau et destinée à l’élevage industriel et à l’export. Ces installations étant financées à 70 % par les pouvoirs publics, se pose la question du modèle agricole productiviste ainsi soutenu tandis que les opposants aux mégabassines défendent des pratiques agroécologiques plus respectueuses des sols et du cycle de l’eau. Ils critiquent l’accaparement de la réserve souterraine en eau par les agro-industriels pour compenser de surcroît des pratiques qui continuent à stériliser les sols. Les scientifiques dénoncent aussi les limites de ces réservoirs d’eau en surface car ils estiment l’évaporation entre 20 à 60%.

Quelle répartition de la ressource en eau ?

En se réservant l’eau des sous-sols, les agro-industriels se la privatisent en quelque sorte et en dépit de leurs voisins. Si les petits paysans, les maraîchers qui n’ont pas accès à ces infrastructures coûteuses n’ont plus d’eau, ils seront alors obligés de vendre leurs terres et il est facile d’imaginer par qui elles seront accaparées.

Les opposants voient donc en ces mégabassines un vrai danger pour la répartition de l’eau d’autant que la crise climatique pourrait bien faire de celle-ci une denrée rare. Les nappes phréatiques sont de moins en moins aptes à se recharger l’hiver et les seuils critiques sont atteints chaque année. Alors que la ressource va se raréfier en période estivale, quelle sera la répartition entre l’agro-industrie et l’eau potable pour les usagers ou même le stockage d’eau pour lutter contre les incendies ?

Le département de la Vendée a été le premier à s’équiper de mégabassines. Il en compte une trentaine en activité. La capacité de celle du Langon est de 851 000 m³ soit l’équivalent de la consommation annuelle d’eau de 15 754 personnes. Dans les Deux-Sèvres, celle de Sainte-Soline en construction, qui fait beaucoup parler d’elle, devrait avoir un volume de 720 000 m³. Une quinzaine ont été construites en Charente, une dizaine en Charente-Maritime et en Vienne, six dans les Deux-Sèvres qui en prévoit seize à l’avenir et bien d’autres projets sont en cours à travers la France notamment en Haute-Savoie pour la fabrication de neige artificielle…

La communauté scientifique est unanime: pour une bonne gestion de la ressource en eau, l’infiltration dans le sol est indispensable et il faut favoriser la création de zones humides qui fonctionnent comme des éponges. Or, ces ouvrages mettent en péril les écosystèmes dépendants des nappes phréatiques comme les cours d’eau et menacent même parfois les réserves en eau potable de la population. Le Marais Poitevin, deuxième zone humide de France, pourrait-il bientôt devoir changer de nom ?

Pour en savoir plus, le média Reporterre a consacré plusieurs articles à ce sujet comme cette interview d’un batelier du Marais Poitevin ICI ou encore cette tribune portée par des élus et 150 associations locales d’Indre-et-Loire ICI. Dans Ouest-France, un agriculteur vendéen propose une autre alternative à l’assèchement des rivières en Sud-Vendée ICI.

Et comme cette « guerre de l’eau » n’est pas prête de s’arrêter, toujours dans Reporterre, un article très éclairant ICI sur ce nouvel élément de langage, « l’écoterrorisme », issu de la lutte contre les mégabassines.

Sans oublier la croustillante chronique d’Usul et Cotentin sur la chaine de Médiapart, à visualiser ci-dessous:

Vers une hiérarchisation des exilés ?

Il est heureux de constater le grand élan de solidarité et les généreuses politiques d’accueil mises rapidement en place par les pays européens pour recevoir les populations ukrainiennes fuyant les bombardements. Spectaculaire revirement de posture à l’égard des exilés pour l’Europe et plus particulièrement pour ses pays frontaliers à l’Est, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne. Souvenons-nous que durant l’année 2021, les zones frontalières avec la Biélorussie de ces trois pays ont été le siège de violation systématique des droits de l’homme à l’égard des réfugiés.

A la frontière polonaise

Quelques milliers de réfugiés en provenance d’Afghanistan, d’Irak, du Yémen, d’Iran et de Syrie (toujours en guerre depuis 10 ans), des femmes, des hommes et des familles avec enfants se sont retrouvés bloqués notamment à la frontière polonaise, ne pouvant ni retourner sur leur pas, ni entrer dans l’union européenne. Des migrants pris au piège de conflits géopolitiques, poussés d’un côté par les forces biélorusses cherchant à déstabiliser l’Union Européenne et de l’autre par les autorités polonaises ultraconservatrices employant la méthode forte pour repousser les réfugiés.

Une situation inhumaine

En Pologne, ces réfugiés utilisés comme des armes diplomatiques ont été contraints de passer l’hiver dans l’immense forêt de Białowieża traversée par la frontière. Plus d’une dizaine d’entre eux y ont trouvé la mort par hypothermie, épuisement, noyade, manque de nourriture… Depuis le mois de septembre 2021, l’état d’urgence instauré en Pologne a transformé cette zone, le long de la frontière de 400 km, en zone de non-droit en interdisant l’accès aux journalistes mais aussi aux associations humanitaires. Les réfugiés abandonnés de tous vivent sans abri sous des températures inférieures à zéro degré et restent sans assistance médicale et humanitaire. Seuls une poignée d’activistes polonais bravent les interdits et la surveillance des 10 000 soldats venus porter renfort aux gardes-frontières pour leur porter secours.

Un nouveau mur à l’Est

Dans le même temps, la Pologne entreprend la construction d’un mur de barbelé sur 180 km équipé de caméras et de capteurs à détection (coût 350 M d’euros) au cœur d’une des dernières forêts primaires d’Europe, projet dénoncé par les écologistes (pour en savoir plus sur Reporterre ICI). Ce pays a été devancé quelques mois plus tôt par la Lituanie qui annonçait une barrière métallique de 500 km le long de la frontière avec la Biélorussie, tout en rejetant dans leur totalité les 230 demandes d’asile traitées.

Les droits humains bafoués

En octobre 2021, la Pologne a légalisé le refoulement des migrants et des demandeurs d’asile par la force, ce qui est illégal en vertu des conventions européennes et internationales des droits de l’homme sur le droit d’asile. Amnesty international a déclaré que la Pologne et la Lituanie ont violé les lois internationales en ne respectant pas les droits des migrants et en limitant l’accès des demandeurs d’asile sur leur territoire. L’UE et ses états membres qui critiquaient jusque là l’état des droits de l’homme en Pologne se disent alors solidaires de celle-ci tout en craignant une catastrophe humanitaire.

Du côté de chez nous

Les associations humanitaires continuent d’interpeller les pouvoirs publics pour mettre à l’abri les exilés. Dans un appel à manifestation pour la mise à l’abri de 150 afghans vivant sous tente dans un parc à Pantin, on peut lire sur le site d’Utopia 56 : « Les multiples appels à la solidarité avec les Ukrainien·nes et les moyens mis en place interrogent celles et ceux qui, depuis des mois, des années, accueillent et secourent des personnes exilées qui dorment sous des tentes. Une réalité qui vient mettre en lumière le manque de volonté d’accueil des pouvoirs publics au détriment du respect de la dignité et des droits humains. »

A Calais, seuls les ukrainiens ont été pris en charge par la mairie, les autres réfugiés qui ont aussi vécu l’expérience de la guerre et de l’exil continuent à vivre sous tente dans la boue et à être expulsés tous les matins (retrouver ICI un reportage de Reporterre).

Cette attitude discriminatoire des autorités françaises en matière d’accueil est parfaitement illustrée par la phrase scandaleuse du président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale: « Ce sera sans doute une immigration de grande qualité dont on pourra tirer profit” en parlant du flux migratoire en provenance de l’Ukraine.

La solidarité : un délit ?

Paradoxalement, et bien que le délit « de solidarité » n’existe pas juridiquement, régulièrement en France comme chez nos voisins européens, nombre de personnes apportant une aide à une ou un exilé.e « de moindre qualité » comparaissent encore en justice. Ainsi, sur le média dédié aux migrants Les dreamers, on peut lire cet article relatant la condamnation à treize ans de réclusion et 500 mille euros d’amende pour Mimmo Lucano, ancien maire d’un village calabrais, qui avait imaginé un système d’accueil efficace des migrants dans son village déserté de ses habitants.

Pour aller plus loin:

Un extrait d’une étude universitaire sur la « crise » migratoire à la frontière Biélorusse ICI

Un reportage du média Euronews dans un camp de réfugiés organisé par la Biélorussie ICI

Et parce que « il faut rire de tout » comme disait Pierre Desproges, une chronique de l’humoriste Waly Dia dans l’émission Par Jupiter ICI

Penser l’émancipation avec Jacques Rancière

En cette période pré-électorale agitée et plutôt singulière, il est intéressant de prendre du recul et de se tourner vers les philosophes qui ont une approche autre des phénomènes qui traversent notre société.

A 81 ans, le philosophe Jacques Rancière, penseur infatigable de l’émancipation, continue à creuser avec obstination le sillon d’une philosophie politique autour des thèmes de la démocratie et de l’égalité. Sa philosophie de l’émancipation est définie dans un article de Philosophie magazine comme « celle de la participation de tous à l’exercice de la pensée, et donc au gouvernement de la cité. Contre les nouveaux ennemis de la démocratie, ces intellectuels qui prétendent détenir la Vérité, Jacques Rancière se bat pour l’abandon de la traditionnelle distinction entre savants et ignorants. » Pour lui tous les hommes sont à même de philosopher, de penser et de faire émerger d’autres mondes possibles.

Penser l’émancipation

Dans ses nombreux ouvrages (plus de 30 livres) le philosophe bouscule les idées reçues. Son approche des notions de démocratie, d’égalité et de politique redonne du sens, voire une essence à ces concepts alors qu’ils nous échappent toujours davantage tant ils débordent d’interprétations dans les multiples usages qu’en fait notre société ultra médiatisée. Ce qui est étonnant, c’est de voir à quel point les travaux même les plus anciens du philosophe restent toujours d’actualité. Nous connaissons tous la source grecque de la démocratie mais dans son livre « Aux bord du politique » en 1998, il nous rappelle que le démos grecque, avant d’être le nom de la communauté toute entière, était le nom d’une partie de cette communauté: les pauvres, au sens de ceux qui n’étaient pas comptés, de ceux qui n’avaient pas droit à la parole. Or, pour Jacques Rancière, le processus démocratique advient justement lorsque ceux qui sont hors champ, qui n’ont pas droit à la parole surgissent sur la scène politique : « la démocratie est l’institution même de la politique ». Et il oppose, politique et logique gestionnaire, logique dominante dans le sens que c’est « aux bords du politique » dans  l’expression de l’émancipation que ce produit le mouvement qui instaure la politique.

Déclarer les individus égaux ne suffit pas à instaurer la démocratie

Pour qu’il y ait démocratie, « il faut qu’il y est encore cette puissance du démos ». La démocratie n’est pas un lieu pacifié mais un processus de remise en question, une mise en mouvement, un renouvellement incessant. Or, si la démocratie est face à une impasse, il faut remonter à ses origines au 6ème siècle avant J.C grâce aux réformes de Clisthène qui mit en place « un ordre artificiel de la communauté ». Il s’explique dans l’émission « A voix nue » sur France Culture en 2011: « L’idée normale de la communauté, c’est qu’il y a des supériorités déjà existantes qui définissent automatiquement des infériorités, c’est-à-dire s’il y a des savants, il y a des ignorants, s’il y a des parents, il y a des enfants… Et la communauté, c’est aussi un peu la logique policière, la communauté est censée être son organisation comme la conséquence d’une supériorité déjà existante. Qu’est-ce-que vient faire la démocratie là-dedans ? La démocratie, c’est justement instituer comme un supplément et un supplément incroyable, invraisemblable, à savoir un pouvoir qui n’est le pouvoir de personne en particulier, qui n’est le pouvoir d’aucune supériorité déjà existante. »

Le consensus nuit à la démocratie

Pour Jacques Rancière, la notion de dissensus s’oppose à l’ordre policier qui est un ordre « consensuel » : « Le dissensus commence quand ceux qui ne parlent pas d’habitude se mettent à parler au sens le plus fort. Et ça, c’est quelque chose qui se passe, qui s’est répété constamment à toutes les avancées démocratiques dans l’histoire. » Il insiste sur ce qu’est la politique, fondamentalement, c’est « être à une place où on ne doit pas être » et il cite des exemples comme la militante féministe Jeanne Deroin, candidate aux législatives de 1849, ou encore Rosa Parks qui initia le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Tandis que le consensus tend à faire disparaître le fondement de la politique, les sujets politiques émergent quant à eux dans la manifestation de leur désaccord. Avec la fin des idéologies, la politique s’est confondue avec le processus policier et s’est flanquée de sa nouvelle rationalité économique. Mais au lieu de donner place à une certaine pacification, on vit réapparaître l’archaïsme politique : « ce qui apparaît sur le devant de la scène ce n’est pas la modernité sans préjugés, mais le retour du plus archaïque, de ce qui précède tout jugement, la haine nue » de l’autre. Et il associe la montée en puissance de l’extrême droite au refus radical de la politique.

La résurgence du discours antidémocratique en France

Dans son livre La Haine de la démocratie, le philosophe cherche à comprendre pour quelles raisons une élite intellectuelle, relativement privilégiée au sein d’États dits « démocratiques », en est arrivée à un tel mépris et une telle haine pour le principe de démocratie. Sa thèse principale est qu’il existe une confusion sur le terme de démocratie. Il nous rappelle que le premier grand critique de la démocratie c’est le philosophe grec Platon qui dénonçait l’individualisation des mœurs qu’apporte la démocratie. Depuis, la critique n’a pas évoluée : pour les intellectuels et hauts représentants de l’Etat, la démocratie enlève toute limite aux peuples et menace le bien commun. Il n’y a plus de distinction entre ceux qui ont le pouvoir de prendre les bonnes décisions, qui ont le savoir, et le reste de la population. L’auteur voit aussi dans cette critique une haine de l’égalité. Pour les penseurs marxistes, « la démocratie, c’est le règne du consommateur, du consommateur individualiste qui s’occupe de son bon plaisir » au détriment des valeurs collectives.

La démocratie n’est pas une forme de gouvernance

Jacques Rancière définit la démocratie comme un principe au-dessus de l’État tout en constituant des pratiques en dessous de celui-ci: à la fois principe d’égalité indispensable entre les humains et à la fois la pratique qui consiste à remettre en cause le statu quo imposé par les élites gouvernantes. La haine de la démocratie résulte d’une mauvaise compréhension de ce concept, et les maux de civilisation (atomisation de la société, montée de l’individualisme, populisme, etc.) qu’on lui attribue sont en fait la preuve de sa vitalité. Pour le philosophe, système électoral représentatif (suffrage universel) et démocratie ne vont pas ensemble. Ce suffrage a une nature double : d’un côté, il donne la possibilité d’élire n’importe qui, et en cela stimule raisonnablement les tendances démocratiques de la population ; mais d’un autre côté, il assure surtout la reproduction d’oligarchies dominantes. Ces oligarchies au pouvoir tentent de dépolitiser la sphère publique, de la privatiser. Le fait de remettre en cause cette démarcation est une manifestation de vie politique et démocratique. Dans une interview accordée à la chaîne web MatriochK, il rappelle que la présidence de la République élue a été mise en place par les monarchistes en 1848 dans le but de faire contre poids à une forme d’agitation populaire « malsaine » tout en escomptant que ce système allait ramené la monarchie et il conclue « la démocratie, c’est le tirage au sort, pas l’élection ».

Jacques Rancière vient de publier : « Les trente inglorieuses » à la Fabrique Editions. A cette occasion, il a accordé une interview très intéressante à la journaliste Aude Lancelin, fondatrice du média libre et indépendant Quartier Général, visionnable ICI

Dossier méthanisation – Partie 3

Les perspectives de l’Occitanie et du Lot

Le conseil départemental du Lot a présenté, le 14 décembre 2020, sa charte en faveur du développement des énergies renouvelables dans le Lot dans laquelle il se fixe comme objectif: « impulser un développement maîtrisé de la méthanisation ». Parmi ses actions programmées en 2021: « Une étude sur la méthanisation pour mettre en perspective les gisements avec les besoins du territoire et préciser les zones propices au développement d’unités de production ». Les communautés de communes, le Parc naturel régional des Causses du Quercy, les principales structures lotoises compétentes en matière d’énergie ainsi que tous les acteurs impliqués dans l’aménagement et le développement du territoire s’engagent aux côtés du département pour poursuivre cet objectif.

L’ambition du département s’inscrit dans la stratégie globale de la région Occitanie dont l’objectif est de devenir une « Région à énergie positive » (REPos) à l’horizon 2050. Cette dernière déclinant elle aussi ce qui a été fixé au niveau national pour lutter contre le changement climatique à travers les feuilles de route de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) dont l’objectif est d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, de réduire les consommations énergétiques des Français, de promouvoir les énergies renouvelables, de garantir l’indépendance énergétique…

Selon l’ADEME en Occitanie, cette dernière est la première région de France pour la recherche sur la méthanisation tant publique que privée (Montpellier, Narbonne, Toulouse) et le nombre de constructeurs (Arkolia, Naskéo, Valbio, etc.) commercialisant leur technologie en France et hors de nos frontières. En 2021, l’agence recensait 53 unités de méthanisation en Occitanie.

Un premier Schéma Régional de la Biomasse (SRB), partenariat entre État et Région Occitanie, a vu le jour en septembre 2019. Il est le résultat d’une étude menée par Solagro (cabinet conseil méthanisation), Faig bé (cabinet conseil dans la gestion forestière et le bois énergie) et L’Artifex (bureau d’étude en environnements). On peut s’interroger sur le fait que cette étude ait été confiée à trois structures qui sont rémunérées par les porteurs de projets du territoire… Selon ce Schéma, pour atteindre les objectifs, il faudrait passer d’une production de 239 à 11 126 GWh d’énergie primaire produite par méthanisation d’ici 2050, soit développer un parc d’environ 720 unités de méthanisation sur la région.

Trajectoire du nombre d’installation d’unités de méthanisation en Occitanie jusqu’en 2050

A l’échelle du Lot, la stratégie des signataires de la Charte départementale pour le Développement des projets EnR en vue de devenir un département à énergie positive (DEPos) à l’horizon 2050 est de baisser progressivement de 40 % la consommation actuelle d’énergie pour revenir à 2400 GWh/an. Dans le même temps, il faut augmenter la production d’énergie renouvelable actuelle de près de 1000 GWh/an pour faire coïncider consommation et production. Un état des lieux des gisements potentiels encore disponibles dans le Lot en matière d’EnR a été réalisé. Il en est ressorti que « les potentiels de développement reposent sans conteste sur trois énergies : le bois, le photovoltaïque et la méthanisation ».

Selon la Charte, « produire 1000 GWh/an suppose par exemple d’installer 1 700 ha de panneaux photovoltaïques ou 180 méthaniseurs, 1 170 chaufferies bois, 180 éoliennes…  » et cela implique « une nécessaire massification de la production qui peut conduire à autoriser voire impulser directement de gros projets dans des conditions très spécifiques ». Selon les calculs de Jean-Claude Brenot (membre de l’Observatoire scientifique participatif de la méthanisation) dans un article de la Vie Quercynoise, le scénario méthaniseur correspond à « un méthaniseur tous les 3,5 km dans la surface agricole utile ! Sans compter les exceptions : les zones Natura 2000, le PNR, les zones Znieff de type 1, et… tous les merveilleux sites qui font le bonheur des touristes… et des Lotois. » Pour le scientifique, même une petite part de ces 180 méthaniseurs destinerait les terres à la production d’intrants développant « l’énergieculture ».

La méthanisation aujourd’hui dans le Lot

En 2015, d’après le Plan Départemental de gestion des déchets  quatre entreprises lotoises utilisaient la méthanisation dans le cadre du traitement de leur déchets: Andros et Boin sur la même unité industrielle à Biars-sur-Cère (biogaz dédié à une chaudière et surplus brûlé par une torchère, plan d’épandage du digestat sur 395,10 ha répartis sur 10 communes), les vignobles Les Côtes d’Olt à Parnacet et la fromagerie l’Etoile du Quercy à Loubressac (70 emplois, 19 M/an de Rocamadour) qui utilise le petit lait comme intrant (ces deux dernières unités n’étant pas répertoriées sur la carte ci-dessus). Concernant la fromagerie, des soucis techniques (concentration élevée de phosphore dans la rivière la Bave en aval de la station) l’ont obligée à réduire de trois-quarts l’utilisation de son méthaniseur.

Le Garrit Energie Environnement à Mayrac

Les deux autres unités répertoriées sont également dans le nord du département. Il s’agit d’abord de LG2E, Le Garrit Energie Environnement créé en 2011 par Joël Laverdet, précurseur et éleveur de porcs à l’époque. L’entreprise transforme de la matière organique issue de l’élevage et de l’horticulture mais aussi des déchets de l’industrie agroalimentaire dont les graisses, et produit par cogénération de l’électricité et de la chaleur. En 2017, l’unité s’agrandit et passe de  30 tonnes /jour d’intrants à 60 t/jour et d’une puissance thermique de 170 kW à 340 kW. Les intrants se diversifiant (en plus des lisiers, fumiers et CIVE, introduction d’eaux usées, bacs à graisse, déchets et huiles de friture, graisse d’abattoirs, contenu de panses animales), une unité d’hygiénisation à 70 degrés a été ajoutée pour les sous produits animaux ainsi qu’un post-digesteur de 4 000 m3 afin d’augmenter le temps de séjour des digestats en milieu fermé (passage d’un temps de séjour de 33 jours à 85 jours minimum.). Le plan d’épandage est passé de 266 ha à 785 ha sur 9 communes (22 exploitants agricoles) et le rayon d’approvisionnement est limité à 150km afin de réduire les transports à moins de 1h30 du site.

Unité de méthanisation Bioquercy à Gramat

La dernière et la plus grosse unité de méthanisation en fonctionnement est celle de Bioquercy à Gramat qui alimente la polémique depuis plusieurs années. En partenariat avec Fonroche énergie, elle  produit par cogénération le chauffage des locaux et des cuisines de la conserverie La Quercynoise (670 salariés). Bioquercy en quelques chiffres: 130 tonnes d’intrants/jour avec 48 % de déchets agricoles (lisiers et déchets végétaux) et 52 % de déchets d’industries agro-alimentaires (dont 21 % de déchets d’abattoirs), 45 000 m3/an de digestats épandus sur 4 525 ha (71 agriculteurs), production de 12 GWh d’électricité injecté dans le réseau public de distribution et de chaleur (70% des besoins de l’abattoir). La capacité totale  de digestat est de 17 000 m3 (environ quatre mois et demi de production) avec en complément du site principal, quatre sites de stockage du digestat décentralisés à Lacapelle-Marival, à Durbans (cuve béton de 5 000 m3), à Montvalent (idem), à Fontanes du Causse (une poche souple de 950 m³) et des stockages complémentaires chez certains exploitants agricoles fournisseurs de lisier.

Dans cette unités aussi, les intrants nécessitent que les matières soient broyées, homogénéisées, hygiénisées (1 heure à 70 °C) puis mises dans un digesteur pour un cycle de transformation d’environ quarante-cinq jours.

Selon un rapport d’expertise établi par le Ministère de la transition écologique et solidaire en septembre 2019, l’unité industrielle de Gramat a rencontré, dès sa mise en fonctionnement en 2017, « des difficultés d’exploitation avec notamment des émissions d’odeurs sur le site, des fuites sur les stockages intermédiaires et des contestations sur les effets de l’épandage de digestat sur la faune des sols et les abeilles ». La mission d’expertise a établi en 2018 deux mises en demeure de l’exploitant de procéder à des adaptations pour y remédier. Elle a également débouché sur la mise en place d’un Observatoire scientifique participatif pour le suivi des impacts potentiels. Si les 11 associations et collectifs consultés * se félicitent de la création de l’Observatoire en revanche ils estiment que le rapport relatif aux conditions d’exploitation du méthaniseur de Gramat n’a pas répondu à toutes leurs questions (Remarques de l’AmiE).

*le CSNM (Collectif Scientifique National Méthanisation raisonnée), le Collectif Citoyen Lotois, le CNVM (Collectif National Vigilance méthanisation), Les Amis de la Terre Midi-Pyrénées, FNE midi Pyrénées, le GADEL, Espeyroux environnement, le collectif des riverains, Maisons paysannes de FR, la Confédération Paysanne et l’association AmiE (Alerte méthanisation industrielle Environnement).

Cinq autres projets d’unités de méthanisation sont en cours de réalisation dans le nord du département. L’entreprise FOUCHENERGIES au Vignon-en-Quercy (fusion des communes de Cazillac et des Quatre-routes-du-Lot) a été créée en juin 2020 et son unité de méthanisation à la ferme d’une capacité de 180 Kwh est en construction. Elle prévoit d’être autonome en intrants car l’exploitation agricole est importante (environ 400 truies naisseur engraisseur + élevage ovin). Elle produira par cogénération de l’électricité pour le réseau et récupérera une partie de la chaleur pour chauffer les bâtiments d’élevage.

Dans le Ségala-Limargue, un projet de 4 unités de méthanisation agricole rapprochées (dont trois espacées d’environ 6 km). Il s’agit d’unités regroupant plusieurs exploitations agricoles:

– A Gorses, SAS HAUT-SEGALA BIOENERGIE avec 11 exploitations agricoles

– A Labathude, SAS SUD SEGALA BIOENERGIE avec 7 exploitations agricoles

– A Espeyroux, SAS LIMARGUE BIOENERGIE avec 11 exploitations agricoles

– A Viazac, SAS VIAZAC BIOENERGIE à Viazac avec 4 exploitations agricoles

A Labathude, les travaux sont en cours tandis qu’à Espeyroux, le maire est en désaccord avec le choix du site d’implantation et à Viazac, le maire a refusé de délivrer le permis de construire au nom de l’intérêt général et des risques encourus. Néanmoins, il n’est pas exclu que des instances supérieures fassent passer ces projets en force. Ce projet de méthanisation multi sites nécessiterait environ 83 500 tonnes/an d’intrants et produirait 81 500 tonnes/an de DIGESTAT liquide épandu sur 4052 ha tandis que 40% du biogaz produirait de l’électricité et 60% de la chaleur qui ne serait pas valorisée.

Ce projet suscite de nombreuses inquiétudes car selon l’Association Espeyroux Environnement, le Ségala est le « Château d’eau du Lot » et l’épandage du digestat en zone humide risque de polluer les sources et les rivières (source du Drauzou à Labathude, le Bassin de l’Ouysse à Espeyroux, les rivières du Bervezou et du Célé à Viazac).

Géologie lotoise et méthanisation

Si la création d’une mission ministérielle pour enquêter sur la méthanisation pratiquée dans le Lot a été une première nationale, c’est que notre territoire montre certaines spécificités géologiques. Au-delà des manquements de la société Fonroche à Gramat concernant la persistance des odeurs pestilentielles et les accidents dus à la rupture de poches de digestat, c’est le mode de méthanisation retenu à Mayrac comme à Gramat au regard de la nature karstique des sols qui pose le plus question. C’est aussi ce qui explique qu’autant de scientifiques de renon* aient pris position dans ce dossier.

*Pierre Aurousseau, agronome et professeur honoraire en Science du sol et Science de l’environnement, Guy Astruc, géologue, Michel Bakalowicz, hydrogéologue du karst, Lydia et Claude Bourguignon, ingénieurs agronomes, Jean-Christophe Castel, paléontologue du Musée de Genève, Gilles Deluc, Dr en médecine spéléo et en préhistoire, Brigitte Delluc, Dr en Préhistoire, Pierre-Yves Demars, Préhistorien CNRS, Michel Kaemmerer, Ancien enseignant à l’ENSAT, École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse, Mathieu Langlais (université Bordeaux-CNRS), Michel Lorblanchet préhistorien, Michel Philippe, péléontologue (Musée de Lyon) et Pierre Rabhi, l’un des pionniers de l’agriculture biologique en France (tous signataires de tribunes dans la Vie Quercynoise).

Tous les lotois connaissent les particularités du sol karstique dans lequel les eaux de pluie s’infiltrent en formant des dolines, pertes et gouffres. En effet, la circulation des eaux, et parce que celles-ci sont chargées en CO2 qui leur confère des propriétés acides, provoque la dissolution et l’érosion mécanique des roches carbonatées. Lors d’une conférence à Floirac (Conférence Méthanisation), le préhistorien Michel Lorblanchet, né à Saint Denis-lès-Martel, donne en exemple une doline du causse de Martel (avec photo à l’appui) qui comme beaucoup comporte en son centre un petit gouffre. Celui-ci se comporte comme un entonnoir dans lequel convergent tous les ruissellements sur la parcelle, avec accès direct aux rivières souterraines. Ce qui explique en partie qu’en cas de forte pluie, l’infiltration vers les nappes phréatiques est très rapide en sol karstique.

Coupe aquifère karstique

Le préhistorien insiste sur la grande vulnérabilité des causses de Martel et de Gramat au centre desquels se trouve la Dordogne qui fait office de « grand collecteur » des épandages de toutes sortes. La rivière est de plus en plus menacée d’eutrophisation par les renoncules aquatiques. Dans son intervention de Jean-Louis Thocaven, spéléologue d’expérience, compare le causse à une éponge où l’eau de pluie s’infiltre par trous et fentes vers le bas et dans la réalité elle rejoint directement les rivières souterraines. Lors de la descente dans un gouffre proche d’un tas de fumier, il a pu constater le ruissellement d’un liquide noirâtre jusqu’à un ruisseau qui s’écoule vers une station de pompage d’eau « potable ». A plusieurs reprises, Michel Lorblanchet a également alerté par voie de presse sur la pollution par les effluents d’élevage des grottes habitats ou ornées (une centaine sur ces deux causses).

Nous sommes en mesure de nous interroger comme Sabine Houot de l’INRA (spécialiste des digestats) sur le fait que le Lot ait perdu en 2012 son classement en Zones Vulnérables Nitrates (dose d’azote 170kg/ha au lieu de 350 kg/ha). Si le Ségala Lotois et les Causses du Quercy avaient ce classement comme c’est le cas pour les communes des Grands Causses et du Ségala Aveyronnais alors il faudrait  18 000 ha d’épandage de digestat au lieu de 9 000 ha prévu pour les sites de méthanisation réunis de Mayrac, Gramat et du Ségala. Pourtant plus de 90% des sols destinés à l’épandage du digestat présentent soit des sols peu épais, soit des sols hydromorphes, ce qui proscrit tout épandage avant la pluie. En effet, il n’y a aucune raison que le digestat ne suive pas les mêmes voies que l’eau de pluie vers les eaux souterraines.

Cascade du saut de Vieyres – Lamativie

Le digestat en question

D’après le site Infométha, le digestat s’utilise en substitution aux autres fertilisants (lisiers, engrais minéraux) car la méthanisation de co-produits agricoles conservent les éléments fertilisants qui se retrouvent dans le digestat. Mais contrairement aux matières non digérées (fumier, lisier), l’azote (N) qui se trouve minéralisée dans le processus de digestion est surtout sous forme ammoniacale. Une toute petite partie de cette forme ammoniacale (NH4+) est directement assimilée par les plantes tandis que le reste peut-être nitrifié ou volatilisé:  » NH4+ est très sensible à la volatilisation et si le digestat est épandu sans précautions, plus de 80% de l’azote peut être perdu [Bodèle et al., 2018] ». Il est précisé aussi que NH4+ est très réactif et se transforme facilement en nitrates NO3 – (principale forme d’azote assimilé par les plantes) mais que « c’est également cette forme qui est le plus sensible à la lixiviation. Il convient donc d’être très vigilant aux apports d’azote lors de l’épandage du digestat car le surdosage peut avoir de lourdes conséquences sur la pollution de l’eau. » De son côté, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Avis de l’ANSES utilisation du digestat p.7) préconise que pour le digestat, il conviendrait d’ajouter la mention « Une attention particulière doit être portée à la protection des eaux souterraines lorsque le produit est appliqué dans des régions où les eaux souterraines sont identifiées comme vulnérables ».

  • Le carbone et le sol

Pierre Aurousseau dans une publication de la Vie Quercynoise rappelle qu’on apporte avec les fumiers et lisiers environ 43,50 millions de tonnes de carbone chaque année dont la moitié est transformée par les micro-organismes du sol, en gaz carbonique, l’autre partie allant dans le sol. C’est ce que l’on appelle l’humification. Dans le même temps, la vieille matière organique du sol se minéralise. Et l’équilibre veut qu’on apporte autant de matière organique que celle qui se perd. Le carbone (C) apporté dans le sol va y rester 50 à 66 ans en moyenne, c’est autant de temps qu’il ne s’échappera pas sous forme de gaz carbonique dans l’atmosphère. Or, l’intensification dans l’agriculture (approfondissement des labours, engrais minéraux, lisier…) a entraîné une baisse du taux de matière organique dans les sols.

  • Où est passé le carbone ?

Les intrants qui entrent dans le méthaniseur contiennent du carbone mais celui-ci se combine à l’hydrogène pour former le méthane (CH4). C’est le problème que soulève Pierre Aurousseau, le carbone qui est entré dans le méthaniseur ne va pas dans le sol. Le digestat est pauvre en carbone et riche en azote ammoniacal et cela déclenche une faim en carbone: « On dit que les micro-organismes du sol vont avoir faim en carbone. » En d’autres termes, le rapport C/N est trop bas pour faire de l’humus. En diminuant  les taux de matière organique de nos sols, la méthanisation entretien donc le processus enclenché avec les engrais minéraux avec une perte de la fertilité et de la perméabilité à l’origine de ruissellements importants.

D’ailleurs, pour limiter ces phénomènes, Infométha déconseille aux agriculteurs de ne pas méthaniser des résidus de cultures s’il n’y a pas d’intercultures derrière car la dégradation aux champs des résidus de cultures compense en partie cette perte en carbone et permet de réduire la charge de nitrates dans le sol et de limiter la lixiviation.

  • Le digestat mais encore…

Cependant, le digestat pose d’autres questions. Comparé au compost où il y a peu de perte d’azote car il est transformé en nitrite, dans le digestat l’azote est volatil et libéré lors de l’épandage sous forme de gaz ammoniac toxique (NH3) et d’ions ammonium, très lessivables.  La teneur en ammoniac du digestat et la présence de métaux lourds (cadmium, plomb, mercure, zing, cuivre…) sont un risque pour la faune du sol et la contamination de l’eau. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail a établit un cahier des charges pour l’utilisation du digestat mais elle conclue celui-ci en disant qu’il « ne permet pas de garantir l’innocuité des digestats vis-à-vis des organismes terrestres, en particulier les macro-organismes du sol. Aussi, il est recommandé que des tests d’impact, notamment sur la reproduction des vers de terre, soient réalisés sur quelques digestats représentatifs. » (Avis de l’ANSES utilisation du digestat)

Ruche voisine décimée après l’épandage, cadavre de vers de terre à la surface du digestat ont été relatés près d’Alvignac sur des parcelles desservies par Bioquercy (La Dépêche du Lot). Les dégagements de gaz ammoniac sur sol caillouteux au cours des épandages de digestat brut liquide expliqueraient la surmortalité des abeilles et autres insectes selon un autre article.

Malgré l’hygiénisation à 70° d’une partie des intrants pendant 60 min, les critères d’innocuité du digestat sur le plan bactériologique sont aussi remis en cause par l’ANSES. En effet, celle-ci a refusé l’homologation du digestat provenant de l’unité jumelle de Bioquercy gérée aussi par Fonroche, Fertibio-Villeneuvois de Villeneuve sur Lot, entre autre pour « dépassement des critères d’innocuité pour Clostridium perfringens et entérocoques » avec baisse de la reproduction des vers de terre de 50 %. Alors que pour l’agence, un compostage de 3 jours à 70° contribue à la destruction des spores (la Vie Quercynoise). Ce sont aussi tous les autres germes pathogènes opérant dans la fermentation anaérobique qui se retrouvent dans le digestat (bactéries butyriques, staphylocoques, salmonelles…) et menacent la faune et contaminent l’eau. Pour l’ANSE, les intrants peuvent apporter à la fois des bactéries antibiorésistantes mais aussi des résidus d’antibiotiques qui se retrouvent dans le digestat.

C’est aussi la pollution de l’eau dans le Lot qui est montrée du doigt par les associations: « la rivière souterraine de la grotte du cirque à Assier qui alimente un captage est polluée par des germes pathogènes » et beaucoup de communes lotoises ont une eau de qualité médiocre. Selon les auteurs, si le bassin d’alimentation de l’Ouysse (500 km2) qui lie le Ségala et les Causses était contaminé ce serait 60% des lotois qui seraient touchés. L’association AmiE souligne que même bactériologiquement pure, l’eau captée doit être traitée, en général au chlore, qui, avec les composants organiques du digestat, génère des produits cancérogènes.

Vallée de l’Ouysse – Moulin de Cougnaguet

Les procédés lotois de méthanisation

Si la méthanisation dans le Lot à sol karstique inquiète, c’est aussi parce qu’elle engage certaines pratiques. Cela concerne tout d’abord les matières premières utilisées. Il est étonnant que l’on ne retrouve pas dans la liste de celles répertoriées par l’ANSES (Avis de l’ANSES utilisation du digestat), les déchets d’abattoir. Parmi les produits d’origine animale, on ne trouve que les sous-produits animaux  issus de l’industrie laitière.

Ensuite, dans la majorité des installations de méthanisation en France, on n’épand pas de digestat brut liquide, comme c’est le cas dans le Lot selon Pierre Aurousseau. Le digestat subit un traitement secondaire voire même tertiaire et le plus souvent donne lieu à une séparation entre phase liquide et phase solide. La partie liquide ne contenant que de l’azote ammoniacal est épandue sur les sols et la partie solide contenant le carbone est compostée. Pour l’agronome, « c’est l’utilisation dans le Lot du digestat brut qui a été maintes fois dénoncée par la communauté scientifique ». Dans le communiqué des 11 associations suite au rapport relatif aux conditions d’exploitation du méthaniseur de Gramat, fin 2019, on pouvait lire: « Aucune association citoyenne ou environnementale, aucun collectif citoyen ne s’est opposé aux 4 méthaniseurs d’ANDROS qui traitent 940 000 t d’intrants qui deviendront 1440 tonnes de boues solides, épandues sur 385 ha. Si le même principe était appliqué à Gramat, il y aurait 92 tonnes à épandre, ce qui ne poserait pas de problème. »

Selon ces associations qui plaident pour une méthanisation adaptée à notre territoire, si un « Guide des bonnes pratiques de gestion des effluents d’élevages en milieu karstique  » était réalisé comme dans le Doubs avec tous les partenaires concernés et notamment avec le Collectif Scientifique National pour une Méthanisation raisonnée (CSNM) qui comprend plusieurs disciplines (agronomie, hydrogéologie,…), nombre de problèmes seraient résolus.

Des préanalyses ont été effectuées sur les sols lotois entre 2018 et 2019 par le laboratoire Bourguignon et elle devraient être confirmées par l’étude nationale « Effets du digestat sur les sols » de l’INRA (2020-2023).

Enfin, espérons que l’Observatoire  scientifique participatif de la méthanisation dans le Lot, mis en place pour cinq années, en janvier 2021, suite à la mission ministérielle, permettra d’évaluer l’impact environnemental de la méthanisation.

Un documentaire à voir

« Sur le front des forêts françaises »

Le nouveau documentaire de la série « Sur le front » d’Hugo Clément (52 min)

Le concept de cette série est à la croisée du film de découverte, du documentaire nature et écologie et du grand reportage d’investigation. « Sur le front », ce sont des images de qualité cinématographique comme ces images aériennes au dessus de l’action en train de se dérouler, des témoignages face caméra, droit dans les yeux. Le but: dénoncer des scandales environnementaux, des projets industriels destructeurs inconnus du grand public et surtout montrer que l’engagement et la mobilisation des citoyens portent leurs fruits en faisant fléchir les gouvernements, les pollueurs ou les braconniers tandis que les dernières découvertes scientifiques nous permettent de garder espoir.

A propos de son documentaire « Sur le front des forêts » Hugo Clément nous confie : « J’ai toujours trouvé que les forêts étaient le meilleur endroit pour se ressourcer. J’étais loin d’imaginer que les forêts françaises se trouvaient dans un état aussi préoccupant. Ce qui m’a le plus choqué pendant le tournage, ce sont les coupes rases. Cette pratique consiste à couper entièrement un coin de forêt avec des abatteuses industrielles, aussi impressionnantes que dévastatrices. Là où elles passent, tout est récuré, il ne reste plus rien et tout le sol est totalement retourné. » Le réalisateur nous emmène sur le terrain de l’action de ces hommes et ces femmes qui mènent un combat contre le développement non maîtrisé du « bois énergie » et consacrent leur vie à protéger les écosystèmes.

Un documentaire qui fait écho à notre dossier sur le bois énergie !

 

Visionnable en replay ici sur le site de France.tv  jusqu’au 20 mai 2021

Dossier méthanisation – Partie 2

Le modèle allemand

L’Allemagne est pionnière dans le domaine de la méthanisation grâce à sa loi sur les énergies renouvelables (loi EEG) votée en 2000 qui fixe un prix de rachat supérieur à celui du marché pour les kWh produits à partir des énergies vertes et surtout grâce à de généreuses subventions pour la production de méthane à partir de plantes cultivées. En 2012, l’Allemagne concentrait 80% des installations mondiales de biogaz selon un article de Der Spiegel et possédait les deux plus grands sites industriels de Pekun et de Güstrow (production de 20 Mégawatts chacune: 40 000 ménages fournis en électricité). En 2014, elle couvrait avec ses digesteurs les besoins en énergie de 6,8 millions de ménages. Le pays comptait, en 2019, 10 394 unités de méthanisation (source OFATE, Office franco-allemand pour la transition énergétique) contre 809 unités en France. Pour l’essentiel, le biogaz y est valorisé en électricité.

Pour atteindre un tel niveau de développement du biogaz, l’Allemagne a du promouvoir la culture du maïs, plante énergétique. Les agriculteurs ont répondu à l’incitation au-delà des espérances et la méthanisation leur a permis d’assurer bien plus qu’un complément de revenu. Mais ils ont rapidement été concurrencés par les gros investisseurs qui ont vu une manne dans la production de biogaz. Les sociétés agro-industrielles ont accaparé les terres au détriment des agriculteurs tandis que la monoculture essentiellement du maïs a conduit au changement d’affectation des sols et encouragé une agriculture productiviste au préjudice des équilibres écologiques et de la biodiversité.

Le parc de Pekun sur 20 hectares

La société IBBK (Internationales Biogas und Bioenergie Kompetenzzentrum) pointe l’avantage de la fermentation des plantes énergétiques: pas de risque vétérinaire, utilisation illimitée dans les exploitations d’élevage, zéro dépendance aux prix du marché des déchets organiques, débouché illimité du digestat en tant qu’engrais ne contenant aucun métaux lourds ou substance toxique.

On estime que les méthaniseurs – en moyenne de 500 KW – absorbent 350 ha de maïs d’ensilage par an. Ainsi, l’utilisation de celui-ci dans les unités allemandes a conduit à un développement exponentiel des surfaces agricoles destinées à la production de biogaz. En 2014, sur 2,5 M d’hectare de maïs cultivé, 820 000 ha soit un tiers, était dédié à cet usage représentant 75% des cultures de maïs de toute l’UE pour la méthanisation. Une situation qui n’est pas sans conséquence.

Elle a engendré une flambée du prix des fermages avec un renouvellement en fin de bail au plus offrant quand les terrains ne sont pas rachetés par une usine de méthanisation ou par les agriculteurs qui leur fournissent les céréales énergétiques. La bulle spéculative sur les terres agricoles a provoqué une hausse importante du prix des terres arables (le prix de l’hectare avait atteint 80.000€ en 2012, dans le nord de l’Allemagne). La production laitière allemande est devenue dépendante de la concurrence exercée par le développement des surfaces agraires destinées à la production de biogaz et les agriculteurs qui n’ont pas fait le choix de l’énergie verte sont restés sur la touche.

L’activité de méthanisation a aussi entraîné une transformation des paysages avec le retournement accru des prairies et une baisse régulière du cheptel allemand. En Bavière, 90% des zones de prairies riches en biodiversité ont disparu, souvent victimes du maïs. On retrouve celui-ci aussi planté sur des tourbières. En 2013, 2,2 millions d’hectares avaient quitté l’alimentaire, soit 20% dans certaines régions.

Ainsi, le bilan écologique du biogaz en Allemagne est désastreux. Selon un calcul de l’association écologiste Nabu, la quantité de carbone séquestrée dans les sols qui est relâchée dans la méthanisation serait de 700g de CO2 au kWh soit autant que certaines centrales au charbon. Une autre inquiétude est relayée par les responsables de la qualité de l’eau. Elle concerne les tonnes de déchets de digestion utilisés comme engrais sur les champs de maïs. Les charges en nitrates mesurées dans les nappes de surface sous les champs de maïs se situent à plus du double des valeurs autorisées. Autre dérive, la culture de maïs ayant atteint les limites écologiques, la filière biogaz a eu recours à l’importation de maïs de Pologne et de République Tchèque pour produire davantage d’électricité subventionnée.

En 2012, cette situation conduit le gouvernement allemand au vote d’une nouvelle loi EEG qui réduit l’utilisation de maïs et de céréales à 60% maximum du poids total des intrants. Pour pallier à cette limite, les producteurs de méthane se tournent vers les cultures de betterave sucrière et de sorgho qui se multiplient à leur tour. L’utilisation des effluents d’élevage est aussi encouragée financièrement, notamment pour les petites installations qui utilisent à 80 % des déjections animales. En 2014, les tarifs d’achat préférentiels de l’électricité à partir des cultures énergétiques sont supprimés. Depuis 2017, l’Allemagne fait de nouveau marche arrière en limitant l’apport de maïs comme substrat à 44%. Objectif : « augmenter le rendement des unités existantes, travailler sur d’autres cultures, sur la valorisation des déchets ». Ce qui explique que le nombre de nouvelles installations n’ait guère évolué depuis 2015 hormis de petites installations au lisier d’une puissance maximale de 75 kW tandis que la puissance des unités existantes n’a cessé d’augmenter pour arriver à une moyenne de 400 kW par site.

Dans le même temps,  la colère des contribuables s’amplifie car l’augmentation des coûts générés par les énergies renouvelables est payée par les consommateurs dont la facture d’électricité a grimpé d’année en année pour atteindre aujourd’hui 30,43 cents/kWh. En se basant sur la consommation moyenne d’électricité d’un ménage en France, la facture est d’une cinquantaine d’euros par mois contre plus de 90 euros de l’autre côté du Rhin. Enfin, l’électricité est aussi plus taxée en Allemagne : 25 euros le mégawatt/heure hors TVA chez nous contre 98 euros, dont plus de la moitié est la conséquence du développement des énergies renouvelables.

D’après une synthèse de l’OFATE, la réduction significative des subventions qui assuraient la rentabilité des installations et la durée de vie limitée de celles-ci devraient entraîner, selon le scénario de référence, la mise à l’arrêt des unités existantes et la disparition progressive du parc d’installations de biogaz en Allemagne d’ici 2035.

Les ambitions françaises 

Alors que la méthanisation était déjà mature en Allemagne, elle commençait à se développer en France. En 2013, le plan énergie Méthanisation Autonomie Azote (EMAA) est lancé. Il vise à valoriser l’azote organique, en l’occurrence celui des effluents d’élevage pour diminuer la dépendance de l’agriculture française à l’azote minéral et permettre aux exploitations d’atteindre une plus grande autonomie. L’objectif était de développer en France, à l’horizon 2020, 1000 méthaniseurs à la ferme, contre 90 à fin 2012.

Evolution du parc français de méthanisation à la ferme

Il faut attendre 2014, pour que la France, après avoir longtemps tergiversé, adopte une politique volontariste pour favoriser la production de biogaz et mette en place une des législations les plus complètes en la matière. Celles-ci sont fixées par la loi relative à La Transition Energétique pour la Croissance Verte (LTECV) de 2015 et la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), fin 2016. La LTECV définit les quantités de cultures énergétiques et alimentaires valorisables en méthanisation. Elle autorise aussi les résidus végétaux et certaines cultures intercalaires à vocation énergétique tandis qu’un décret de 2016, pose la limite de 15% pour l’alimentation des centrales en cultures énergétiques ou alimentaires produites à titre de cultures principales. Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation autorise la méthanisation des substrats suivants : fumier, déchets agricoles et certaines cultures énergétiques, certains déchets de l’industrie agroalimentaire (fruits et légumes, déchets d’abattoirs, graisses, etc.), déchets de restauration, biodéchets ménagers, biodéchets des supermarchés et de la distribution, et boues d’épuration des stations de traitement des eaux usées.

Pour l’ADEME, « la méthanisation est une filière prometteuse aux bénéfices multiples, tant en termes environnementaux (traitement des déchets, production d’énergie renouvelable, diminution des émissions de gaz à effet de serre…) que de diversification des activités agricoles, notamment pour les éleveurs » (Avis de l’ADEME 2016). L’agence précise que son principal gisement est le secteur agricole et que tout type d’installation de méthanisation constitue un outil industriel. En développant la méthanisation pour le secteur agricole, l’ADEME évalue un potentiel d’énergie à l’horizon 2030 d’environ 6 Mtep (Mégatonne équivalent pétrole) sachant que la consommation d’énergie primaire en France était de 233 Mtep en 2019 (source BP Statistical Review). Le Code rural quant à lui définit la méthanisation comme une activité agricole à condition qu’au moins 50 % des matières entrantes soient issues d’exploitations agricoles et que le capital de la structure soit détenu majoritairement par des agriculteurs.

Si l’objectif du plan EMAA pour 2020 n’a pas été complètement atteint, la politique incitative a porté ses fruits. En mars 2018, la filière méthanisation représentait, selon le ministère de la Transition écologique et solidaire, environ 400 installations agricoles, territoriales et industrielles, dont 230 à la ferme. Depuis, les mises en services d’unité se sont accélérées et en 2020, 812 unités en service et 362 en projets étaient recensées.

Contrairement à l’Allemagne, les ambitions françaises concernant l’injection de biométhane (biogaz épuré) dans les réseaux de gaz (distribution ou transport) sont élévées. Fin 2020, les installations le permettant étaient au nombre de 214. Or, pour répondre à l’objectif fixé par la LTECV de parvenir à 10 % de gaz « renouvelables » dans les consommations de gaz naturel à l’horizon 2030, il faudrait mettre en service environ 5784 méthaniseurs. Et pour atteindre les 100% de biogaz à l’horizon 2050, comme le suggère une étude de l’ADEME, 42 800 unités de « gros calibre » seraient nécessaires. La filière s’interroge : qu’adviendra-t-il du prix de rachat du gaz « vert » qui est aujourd’hui trois fois supérieur au prix pour le consommateur ? Combien de temps l’État va-t-il pouvoir garantir ce prix de rachat ? En novembre 2020 un nouvel arrêté prévoyait une baisse des tarifs d’achat et introduisait une dégressivité trimestrielle.

Le ministère de la Transition écologique et solidaire considère le gaz issu de la méthanisation comme une énergie renouvelable car avec 10% de biogaz en 2030, il permet d’éviter 12 millions de tonnes de CO2 par an (3% de nos émissions) prévoit le ministère. Avec un système gazier en 2050 basé à 100% sur du gaz renouvelable, 63 millions de tonnes de CO2 par an seraient économisées, selon l’ADEME.

Des objectifs compatibles avec l’agriculture paysanne ?

Actuellement, la majorité des unités installées à la ferme sont des petites unités en dessous de 10 000 tonnes de matières entrantes par an, soit d’une puissance inférieure à 285 KW. Or, pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixé, l’Etat, encouragé par le lobbying très actif des entreprises gazières, est amené à subventionner en priorité les grands projets de méthaniseurs. «  Passer à une échelle plus large suppose de développer des méthaniseurs de grande taille », confirme un écrit du ministère de la Transition écologique et solidaire. Ainsi, seuls les grands projets de centrales sont éligibles à l’offre de prêt mise en place par l’État et qui peut aller jusqu’à un demi-million d’euros.

Avec ses 97 installations en fonctionnement (2019) et 30% de ses communes raccordées au réseau de distribution du gaz, la Bretagne est un bon laboratoire pour observer la tendance des futures mises en services.  Un pacte biogazier breton, signé en 2019, entre l’État, la Région Bretagne, l’Ademe et GRDF notamment, prévoit que l’objectif de 10% de biogaz injecté dans les réseaux soit atteint dès 2025. Plus de 150 projets d’injection étaient en cours de réflexion en 2020, dont 90% portés par le monde agricole. Or, il s’avère que la majorité des projets de demande de subvention concernent des méthaniseurs au sein d’élevages industriels démesurés, projets qui encouragent les grandes exploitations à s’accaparer toutes les terres disponibles. Selon René Louail, ancien conseiller régional écologiste de Bretagne interrogé par le média indépendant Bastamag « on assiste à la deuxième révolution silencieuse de l’agriculture, qui balaie complètement l’agriculture paysanne. « 

Pourtant, contrairement à l’Allemagne, la France, avec sa réglementation fixant la limite de 15% maximum de cultures alimentaires dans le plan d’approvisionnement des méthaniseurs, semblait s’être prémunie contre les dérives observées outre-Rhin…

Les petites unités fonctionnent en général avec les propres déchets de la ferme, complétés parfois avec quelques intrants extérieurs qui peuvent être issus de l’industrie agroalimentaire. Daniel Chateigner, membre du Collectif Scientifique National Méthanisation raisonnée (CSMN) observe que « ça se complique avec les grosses unités, faussement appelées « agricoles collectives », où l’on injecte 40 000, voir 50 000 tonnes d’intrants par an. C’est pourtant celles-ci que le gouvernement veut développer ». Ces installations font craindre des compétitions pour l’approvisionnement en substrat et une concurrence entre les cultures alimentaires et les cultures énergétiques.

Un phénomène qui s’étend de façon inégale à tout le territoire français comme en témoignent des actions de paysans dans plusieurs régions.  Dans l’Orne, par exemple, la Confédération paysanne  protestait contre une unité de méthanisation dont les exploitants ont acquis 100 hectares de terres cultivées pour alimenter le digesteur. Elle constate également un prix des ressources fourragères bien au-dessus des prix pratiqués avant l’arrivée des méthaniseurs – 80 euros, contre 40 euros la tonne de paille à presser.

Selon les calculs du CSNM, atteindre l’objectif de 10% de méthanisation de gaz en 2030 impliquerait de consacrer plus de 18 000 km² – soit la superficie de trois départements français – à des cultures à destination des méthaniseurs.  Alors comment remplacer tout le biogaz importé par le biogaz produit d’ici 2050 ? Il semble qu’une erreur de calcul se soit glissée dans les prospectives des décideurs. Pour une grande part, les gaziers (Engie, GRDF, GRTgaz, Coénove…) influencent la décision publique. Preuve en est lorsque la région des Hauts de France annonce « plusieurs milliers d’installations agricoles et des millions de tonnes d’intrants » d’ici 10 ans (alors que 1000 unités = 1 unité tous les 5 km) tout en précisant qu’elle s’appuie sur des « dires d’experts » de GRDF qui pourront être revus à la baisse… De son côté,  la Haute autorité à la transparence de la vie publique confirme le lobbying très actif de GRDF.

A noter qu’en 2018, juste avant son départ du gouvernement, Nicolas Hulot a signé un décret qui relève à 100 tonnes de matières entrantes par jour (soit plus de 36 000 tonnes par an) au lieu de 30, le seuil en dessous duquel un projet d’installation ne doit pas faire l’objet d’une enquête publique et administrative (installation dite « hors régime d’autorisation en installation classée »)Or, dans la mesure où un gros méthaniseur de 610 KW consomme 30 tonnes d’intrants par jour, peu de projets sont aujourd’hui concernés par l’enquête publique.

La méthanisation encourage inévitablement un certain modèle agricole. En effet, pour garder son indépendance en terme d’approvisionnement en intrants, les projets individuels de méthanisation impliquent de gros élevages. Selon Solagro (société d’ingénierie et de conseil), les installations en fonctionnement en France dépassent une puissance de 100 kW électrique. Pour pouvoir alimenter ce type d’installations, il faut disposer de fumier produit par 300 vaches et optimiser son unité implique de laisser les animaux en stabulation, les effluents à proximité du méthaniseur pour le nourrir quotidiennement. La méthanisation semble assez contradictoire avec l’agriculture paysanne soucieuse d’élevage en plein air. Solagro révèle d’ailleurs être sollicité principalement pour des projets de méthanisation couplés avec des élevages industriels tandis que René Louail associe la méthanisation à « une pompe à subventions pour soutenir l’agriculture industrielle en crise structurelle ». A titre d’exemple, pour une unité de méthanisation (biogaz injecté dans le réseau) adossée à trois exploitations agricoles qui recensent au total 240 truies naisseur-engraisseur (soit environ 3500 têtes) et 100 vaches (production laitière) fournissant 11 000 tonnes d’intrants par an, l’investissement est de 2 468 000 € HT. Le montant des subventions obtenues est de 470 000 € qui se décomposent comme suit :  300 000 euros de l’ADEME, 120 000 euros de la région et 50 000 euros du département.

A y regarder de plus près, la méthanisation ne serait donc pas une énergie aussi verte et aussi « propre » qu’on veut nous le faire croire ?

Alors que le gouvernement s’apprête à intensifier le développement de la filière de méthanisation, via la programmation pluriannuelle de l’énergie, la Confédération paysanne estime qu’il est urgent de réaliser un premier bilan de la méthanisation en France par des évaluations sur le terrain et une Analyse de Cycle de Vie (ACV) complète, prenant en compte l’ensemble des impacts environnementaux.

 

A NOTER: Depuis le 10 mars et jusqu’au 30 mars, le gouvernement a mis en place une consultation publique méthanisation agricole où il nous interroge sur les textes de loi encadrant l’installation et le fonctionnement des usines à risque environnemental.

 

La semaine prochaine, la dernière partie de notre enquête sur la méthanisation se focalisera sur les enjeux de la production de biogaz dans notre département du Lot au regard des spécificités de notre territoire.